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Le médiateur onusien et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahmi,
a adopté hier au sortir de son entretien avec le président Bachar Al Assad un
ton pessimiste, sur lequel les diplomates planchent pour mesurer l'étendue du
fossé qui sépare l'opposition et le régime en place pour une éventuelle
réconciliation. Le diplomate algérien, rompu à ce genre de conflits, les
guerres civiles, a été direct en affirmant que le conflit en Syrie représentait
une «menace pour le peuple syrien, pour la région et pour le monde». Pour
Brahimi, «la crise est dangereuse, elle s'aggrave et elle représente une menace
pour le peuple syrien, pour la région et pour le monde». C'est presque sur un
ton désabusé qu'il a lancé aux journalistes: «nous allons faire de notre mieux
pour aller de l'avant et pour mettre tous nos efforts et nos possibilités en
vue d'aider le peuple syrien». «Le gouvernement syrien a promis d'aider le
bureau du médiateur à Damas pour qu'il mène à bien son travail», a-t-il dit,
avant de préciser que le président Assad «comprend la gravité de cette crise et
je l'ai informé au nom de l'ONU que nous allons faire notre possible». Pour
autant, M. Brahimi a rappelé qu'il compte travailler «en toute indépendance en
se basant sur le plan Annan et la déclaration de Genève. Tout autre point sera
ajouté en accord avec toutes les parties». Il a également rappelé aux parties
en conflit qu'elles doivent unir «leurs efforts pour trouver une solution à la
crise, vu l'importance stratégique de la Syrie et l'influence de la crise sur
toute la région». «La solution ne peut venir qu'à travers le peuple syrien
lui-même», a-t-il encore dit. Pragmatique, le diplomate a encore souligné qu'il
va travailler avec le groupe de contact (Egypte, Iran, Jordanie et Turquie), et
que pour lui «il n'y a pas d'antagonisme dans notre travail».
«Nous allons être aussi en contact avec les pays qui ont des intérêts et une influence sur le dossier syrien», a signalé M. Brahimi, faisant référence à la Chine, la Russie pour les soutiens de Damas et les pays occidentaux et pays arabes du CCG pour les soutiens de l'opposition. Pour le premier camp, il n'est pas question d'un départ par la force du président syrien mais à travers une transition politique acceptée par toutes les parties, alors que pour le second camp, Bachar Al Assad doit partir immédiatement. BACHAR POUR UN DIALOGUE INTERSYRIEN A l'issue de la rencontre avec M. Brahimi, le président syrien a appelé à un dialogue intersyrien pour résoudre la crise qui secoue le pays depuis 18 mois. «Le véritable problème en Syrie, c'est de combiner l'aspect politique et le travail sur le terrain. Le travail sur l'aspect politique se poursuit, notamment par un appel à un dialogue centré sur les aspirations du peuple syrien», a-t-il dit, sans préciser les aspects de ce dialogue et avec quelle opposition il compte le mener. «Le succès de l'action politique dépend des pressions sur les pays qui financent et entraînent les terroristes, et font entrer des armes en Syrie, afin qu'ils cessent de le faire», a ajouté M. Assad. Pour autant, il a affirmé qu'il «coopérera totalement avec tous ceux qui oeuvrent sincèrement et de manière neutre et indépendante pour résoudre la crise». Les entretiens Brahimi - Al Assad n'ont pas cependant été accompagnés par un arrêt des combats dans les grandes villes du pays, Damas et Alep, où des dizaines de morts sont signalés hier à l'issue de violents affrontements et au lendemain d'une journée sanglante au cours de laquelle 132 personnes ont été tuées à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Par ailleurs, la situation humanitaire en Syrie ne cesse de se détériorer en raison des sanctions imposées à Damas, a souligné le ministère russe des Affaires étrangères, qui a dénoncé dans un communiqué «les sanctions et restrictions économiques imposées par certains pays et unions régionales». « La Russie continue de faire des efforts intensifs à tous les niveaux pour que toutes les parties mettent fin immédiatement aux violences et entament un vaste dialogue national», a souligné le ministère. Mieux, la Russie ne tient pas expressément à maintenir au pouvoir Bachar Al Assad, a martelé hier samedi le vice-ministre des Affaires étrangères Guennadi Gatilov. «Nous ne nous cramponnons pas à des personnalités politiques. Ceux qui prétendent le contraire faussent la réalité», a-t-il précisé, réaffirmant que «ce n'est que dans le cadre d'un processus politique, et non par quelque décision du Conseil de sécurité de l'ONU, que les Syriens doivent déterminer l'avenir de leur Etat et son organisation», a ajouté M. Gatilov.» Nous respecterons tout accord dans le cadre d'un tel dialogue. Cela s'applique y compris à la personne du président syrien», a-t-il souligné. |
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