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Le projet est
prometteur et suscite l'enthousiasme qu'ont généralement ceux qui travaillent
dans des filières traitant de domaines aussi pointus que celui de
l'intelligence artificielle. Il s'agit d'un master portant sur la conception
d'un «Agent Conversationnel Animé». Il est l'œuvre de deux chercheurs, Salah
Smaïn et Choual Walid, du laboratoire «Signal, Image et Parole» du département
d'informatique de l'Université des Sciences et de Technologies Mohamed Boudiaf
(USTO) d'Oran.
Pour Salah Smaïn, les domaines d'application des Agents Conversationnels Animés (ACA) sont ceux des personnages virtuels interactifs, placés dans des environnements médiatisés. «Les ACA, explique-t-il, peuvent avoir trois rôles». D'abord celui d'assistant, «où l'Agent Communicationnel Animé a pour tâche d'accueillir les utilisateurs et les aider à comprendre et à utiliser la structure et le fonctionnement d'applications et de services informatiques». Ce domaine d'application est surtout utilisé dans le e-marketing. Le second domaine d'application est celui du partenariat, «où des acteurs dans des environnements virtuels, partenaires ou adversaires de jeu, participent dans des systèmes de conception participative, membre d'une communauté mixte, etc.». Ce domaine a surtout trait à la «conception et au développement de jeux vidéo». Le troisième et dernier domaine d'application est celui qui suscite le plus d'intérêt de la part de la société scientifique. Il porte sur le tutorat. «Un domaine qui repose sur la conception d'une plate forme qui permet à des apprenants d'évoluer dans des Environnements Interactifs d'Apprentissage Humain (EIAH), ou à des patients d'être suivis et traités grâce à des systèmes de suivi psychologique/ pathologique, tel que les troubles du langage, l'apprentissage de la langue des Signes, l'autisme ou encore certaines types de phobies comme l'haptophobie, une phobie rare qui implique la crainte de toucher ou d'être toucher», explique notre interlocuteur. «C'est dans ce domaine précis qu'évolue le projet de recherche qu'on a mené au sein du laboratoire INESMA (Ingénierie de l'Enseignement et Système Multi-Agents), indique M. Salah. «Il était donc question, a-t-il expliqué, de travailler sur des problématiques liées au langage, à la gestuelle et aux différentes modalités de la communication. Il était également de notre tâche de concevoir notre ACA en lui donnant une apparence humanoïde». Le terme «Agent Conversationnel Animé» (ACA), qui est la traduction du sigle anglo-saxon ECA (Embodied Conversational Agents), fait référence à des agents artificiels qui sont dotés d'une personnification multimodale (capacité gestuelle, expression d'émotions, dialogue en langue naturelle, utilisant le graphique, le son...). Quand science et fiction ne font qu'un Concrètement, notre Agent, un composant autonome, doit être capable de raisonnement sur des représentations symboliques, en situation donnée, par exemple concernant une tâche dans une application ou un service. Cet agent est conversationnel, car c'est un composant interactif capable d'interactions multimodales (aussi bien linguistiques que physiques, gestes, attitudes etc.), ou encore via les événements de l'interface graphique avec l'usager. Il est aussi «Animé» car il désigne un composant interactif doté d'une apparence effective face à l'usager, aussi appelé personnification (à ne pas confondre avec la personnalisation qui vise généralement à constituer un profil de l'usager). Tout le défi de la recherche est de «développer des modèles informatiques supportant les différentes fonctions nécessaires à ces agents en gérant à la fois la communication et les émotions à des niveaux perceptifs, rationnels (raisonnement symbolique) et expressifs». Cela induit la représentation et la gestion de nombreuses connaissances, liées par exemple à la compréhension du comportement des utilisateurs, au raisonnement, et à la génération de comportements multimodaux. Concevoir et évaluer des ACA nécessite des modèles informatiques du comportement multimodal humain et donc des interactions de l'informatique avec d'autres disciplines apportant des compétences, par exemple en communication non verbale. Dans les modes de communication, le langage ne représente finalement que 7%. Le reste relève de l'expression faciale, de la gestuelle, de la posture, expliquent les spécialistes. Une approche pluridisciplinaire s'impose donc par exemple pour collecter, annoter et analyser des comportements multimodaux pouvant compléter de manière plus contextuelle, les connaissances générales issues de la littérature en Sciences Humaines. Mais pour Salah Smaïn, le travail réalisé au sein du laboratoire INESMA a été conçu de telle sorte qu'il permette à d'autres chercheurs à disposer d'un point de départ déjà fonctionnel. Il s'agit d'une première pierre qui peut servir comme base de recherche à d'autres projets plus ambitieux dans le futur. |
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