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Pour sa première intervention après sa prise de fonction, samedi, le
médiateur international Lakhdar Brahimi a mis dos à dos le gouvernement et
l'opposition. La Syrie ne pourra sortir de l'engrenage de la violence et une
dramatique guerre civile qui menace, que si toutes les parties arrêtent de
?'recourir à la violence''. C'est là un des principaux messages qu'il a adressé
samedi soir aux deux parties. Le diplomate algérien, médiateur de l'ONU et de
la Ligue arabe dans la crise syrienne, a, dans un entretien à la chaîne ?'Al
Arabya'' à capitaux saoudiens, appelé les deux parties au conflit, opposition
armée et gouvernement, à ?'cesser la violence'', tout en jugeant que le pouvoir
assumait une «plus grande» part de responsabilité dans l'arrêt des hostilités.
Lakhdar Brahimi estime en outre qu'il ne faut ?'pas avoir d'idées préconçues''
pour arriver à faire cesser les hostilités et réunir les protagonistes autour
d'une table de discussions pour mettre au moins un frein à la dérive syrienne.
Dans cet ordre d'idées, il a tâté le terrain en relevant que ?'le gouvernement
syrien réalise sans aucun doute l'ampleur des souffrances du peuple syrien et
ses demandes. Le changement est nécessaire et urgent, et il faut réaliser les
aspirations légitimes du peuple syrien». Pour l'opposition, il estime qu'elle
doit réaliser que «la situation est dangereuse» et qu'il faut privilégier
«l'intérêt du peuple syrien et non l'intérêt de groupes ou d'individus». En
avertissant qu'il ne peut mener à bien sa mission «sans un appui total et clair
du Conseil de sécurité» de l'ONU, pour le moment divisé, M. Brahmi refroidit
l'ardeur du camp de l'option militariste et de ceux qui prônent une
intervention militaire en Syrie. ?'Une intervention militaire en Syrie ne sera
jamais acceptable pour la solution de la crise en Syrie'', a-t-il affirmé,
avant d'ajouter qu'elle signifiera l'échec des efforts diplomatiques''. Il
précise : ?'pour moi, c'est inacceptable (?) ni aujourd'hui, ni demain, ni
après-demain». Enfin, il affirme que ?'le gouvernement syrien doit répondre aux
aspirations légitimes de son peuple».
Cette prise de fonction de M. Brahmi dans la crise syrienne, où il est attendu par toutes les parties, coïncide avec un regain de violence dans le pays avec trois attentats à la bombe en moins de 24 heures à Damas. Dimanche, un attentat à la bombe a touché un quartier du centre de la capitale abritant des bâtiments des services de sécurité et le bureau du vice-président Farouk al-Chareh, selon la télévision syrienne. A Abou Remmaneh, un quartier résidentiel, deux bombes ont également explosé faisant au moins quatre blessés. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué de son côté que «deux bombes ont explosé près d'un immeuble rattaché à l'état-major de l'armée et des forces armés dans le centre de Damas», faisant des blessés. Ces deux attentats interviennent moins de 24 heures de l'attentat à la voiture piégée qui a fait 15 morts dans une banlieue populaire de Damas. La voiture piégée a explosé près d'une mosquée dans la région de Sbéné, au sud de Damas, selon le journal gouvernemental Techrine. Les combats se poursuivent par ailleurs dans plusieurs villes du pays, notamment Idleb, Homs, Damas et Alep où l'armée a pilonné dimanche les positions des combattants de l'Armée syrienne libre (ALS). Selon l'OSDH, plusieurs quartiers d'Alep ont été bombardés dimanche par l'armée, et des maisons détruites. «Les bombardements sur le quartier de Hanano n'ont pas arrêté de minuit jusqu'à 05 H 00 du matin», a affirmé un militant à Alep. Par ailleurs, la situation alimentaire et sanitaire se détériore de plus en plus, avec le manque de pain et de médicaments. «Il y a toujours des files d'attente devant les boulangeries», selon un habitant d'Alep, qui a précisé que «parfois, il y a une pénurie totale de farine». Enfin, le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a décidé de s'élargir à de nouveaux groupes de l'opposition et se réformer en élisant ses dirigeants lors d'une Assemblée prévue fin septembre, a annoncé dimanche son porte-parole George Sabra. Ces décisions ont été prises lors d'une réunion de la direction du CNS à Stockholm qui s'est achevée samedi soir. |
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