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La pression sur les autorités algériennes s'est fortement accentuée après
la diffusion d'une vidéo d'une minute où un des quatre otages algériens encore
détenus par le Mujao lance un appel à l'aide. Comme de coutume dans ces
sinistres affaires de chantage à la mort, l'otage lit un texte dicté par les
ravisseurs et exposant les exigences des ravisseurs.
L'otage lance un appel au peuple algérien afin de le soutenir pour amener les autorités algériennes à sauver leur vie. Il critique, dans un langage qui n'est autre que celui des djihadiste «eux qui n'accordent aucun intérêt à nos vies, par leurs décisions fausses et irresponsables, courant derrière des intérêts politiques illusoires». L'otage faisait aussi valoir que des gouvernements étrangers, mauritanien, français, espagnol ou italien, n'ont pas abandonné leurs ressortissants, « n'hésitant à payer des rançons ou à échanger des détenus contre les libérations des leurs ». Le message du Mujao est clair, ce sont des pays qui officiellement ne «négocient pas» mais qui ont accepté les exigences des terroristes pour obtenir la libération d'otages. La menace contre les quatre otages encore détenus par le groupe terroriste était toujours présente et on espérait que des efforts, nécessairement discrets, en direction d'Iyad Ghaly, chef des rebelles targuis d'Ançar Eddine seraient de nature à faire entendre raison aux djihadistes du Mujao. La libération de 3 des 7 otages, le 11 ou 12 juillet dernier, «sans versement de rançon», selon une source sécuritaire citée dans la presse, avait redonné un peu d'optimisme. Mais le temps écoulé depuis cette libération a fait croître les inquiétudes et le scepticisme sur la volonté ? ou la capacité ? d'Ançar Eddine de peser sur les éléments du Mujao. L'arrestation le 15 août dernier du côté de Berriane (Ghardaïa) d'un groupe de trois djihadistes dont le «juge religieux» d'Aqmi ou président de la « commission juridique » d'Aqmi, Necib Tayeb, alias Abderrahmane Abou Ishak Essoufi, un des proches d'Abdelmalek Droukdel, semble avoir un effet de dramatisation. MISSION «SPECIALE» Outre le fait qu'il soit une grosse pointure d'Aqmi et membre de son «Conseil des A'yane (notables)», Abou Ishak Essoufi, selon les révélations diffusées par la presse, se rendait en «mission spéciale» pour le Mali au moment de son arrestation. On peut supposer en raison de la «qualité» de celui qui en était chargé qu'il s'agit d'une mission importante dans ce Nord-Mali sous contrôle, au moins, de trois mouvements djihadistes, Ançar Eddine, Aqmi et le Mujao. Jusqu'à présent, ces trois mouvements ont, en apparence, travaillé de concert. Il n'en reste pas moins que l'envoi dans une mission risquée de traversée du territoire algérien du nord au sud du président de la «commission juridique» d'Aqmi est peut-être un signe que les choses ne vont pas aussi bien qu'il n'y paraît entre les trois mouvements. En théorie, le mouvement Ançar Eddine est «chez lui» et les autres mouvements doivent lui reconnaître une certaine autorité. Dans les faits, Ançar Eddine paraît, au mieux, n'être qu'un groupe parmi les autres, contrôlant une zone tandis que le Mujao en contrôle d'autres, notamment Gao. Abou Ishak Essoufi était-il en mission pour essayer de remettre de l'ordre ou, au contraire, d'essayer de faire valoir l'autorité de Droudkel dans ces régions où il a clairement perdu la main au profit des «émirs» algériens en compétition au Sahel, Mokhtar Belmokhtar, Abdelhamid Abou Zeid et Nabil Abou Alkama ? En tout cas, cette exigence de libération des «trois» de Berriane devrait donner matière à réflexion ? ou à débat ? sur la médiatisation de l'arrestation. Le Mujao aurait fixé un ultimatum de 5 jours faute de quoi il assassinerait l'otage. LA MARGE ETROITE Les quatre otages algériens détenus par le Mujao faisaient partie d'un groupe de 7 diplomates enlevés le 5 avril dernier du consulat d'Algérie à Gao. Le Mujao avait exigé la libération de détenus islamistes et une rançon de 15 millions d'euros pour relâcher les otages algériens. Une demande qui va à l'encontre de la démarche officielle de l'Algérie qui a mené campagne au sein des institutions internationales contre le versement des rançons aux groupes terroristes. Position réitérée, début juillet, par le ministre de l'Intérieur algérien Dahou Ould Kablia qui a déclaré que l'Algérie n'a pas l'habitude de négocier avec des terroristes et ne le fera pas pour le cas de la libération des otages entre les mains du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). En s'en tenant à cette démarche officielle, l'Algérie ne dispose pas de beaucoup de marge. La plus évidente consiste à multiplier les mises en garde en direction du chef d'Ançar Eddine, Iyad Ghaly pour le rendre personnellement responsable de toute atteinte à l'intégrité des otages. |
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