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Arrestation de trois terroristes à Ghardaïa : Le «Mujao» menace l'Algérie

par Moncef Wafi

Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) a de nouveau menacé Alger de représailles si elle ne libérait pas trois terroristes arrêtés il y a une dizaine de jours à Ghardaïa.

Parmi les hommes appréhendés par les forces spéciales de l'ANP figure Necib Tayeb, dit Abd Arrahmane Abou Ishak, chef de la commission juridique d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Le communiqué du groupe armé, ce vendredi, précise que le Mouvement a proposé au gouvernement algérien «d'échanger nos frères qui ont été arrêtés par l'armée algérienne près de la ville de Ghardaïa par un des otages chez le Mujao».

Le 15 août, trois terroristes ont été arrêtés, lors d'une opération des forces spéciales de l'armée, dans la zone de Ghardaïa. Au moment de leur arrestation, les trois hommes se trouvaient à bord d'un 4X4, à l'entrée de la ville de Berriane et se dirigeaient vers la zone du Sahel, dans le Sud. Le Mujao affirme que leur offre a été rejetée. Cette sortie du groupe islamiste s'explique par sa proximité idéologique avec « Aqmi » dont il est l'allié sur le terrain, au nord du Mali.

Dans la pure ligne djihadiste puisée des préceptes d'Al Qaïda, le Mujao est impliqué dans l'enlèvement de trois ressortissants étrangers, membres d'ONG européennes travaillant dans des camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf.     Il a également revendiqué l'attentat kamikaze contre le groupement de gendarmerie à Tamanrasset, qui a fait 23 blessés, selon un bilan officiel. Il a surtout revendiqué l'enlèvement, le 5 avril dernier, de sept diplomates algériens au consulat d'Algérie à Gao, une des villes du vaste nord malien, tombées il y a cinq mois, entre les mains de ces groupes jihadistes. En mai, il avait exigé la libération de combattants islamistes prisonniers en Algérie et 15 millions d'euros pour relâcher les otages. Le 12 juillet, il a annoncé avoir libéré trois des sept otages et évoqué des «conditions» connues de l'Algérie pour la libération des autres captifs. Une autre lecture veut que le Mujao cherche, à tout prix, à minimiser les retombées de la mort de son chef d'état-major, en terre nigérienne où il était allé au secours de ses combattants. Cheikh Oumar Hakka, natif de la banlieue de Tombouctou, selon son CV personnel, s'engage très jeune dans les réseaux islamistes auprès de Mokhtar Ben Mokhtar. D'où cette sortie médiatique pour signifier que le Mouvement reste uni et maître du terrain. Devant l'attitude du gouvernement algérien, le communiqué menace Alger d'assumer les conséquences de son refus. Le porte-parole du Mujao, Adnan Abu Walid Sahraoui, explique qu'Alger dispose de moins de cinq jours pour «sauver la vie de l'otage», faisant référence au consul et à trois de ses collaborateurs, toujours détenus par le groupe armé. Cet ultimatum n'est pas le premier du genre puisque, en mai dernier, le Mujao avait donné trente jours au gouvernement algérien pour que celui-ci satisfasse ses deux revendications : le paiement d'une rançon de 15 millions d'euros et la libération d'islamistes détenus sur le sol algérien. «Nous avons l'intention de traiter les autorités algériennes avec fermeté. Nous défendrons nos frères moudjahidine jusqu'à la chute du régime militaire à Alger», ajoute sentencieux le communiqué.