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L'Etat puise de plus en plus dans le bas de laine du Fonds de régulation
des recettes (FRR) pour financer le déficit budgétaire.
Des éléments d'informations sur les recettes abritées par le Fonds de régulation des recettes livrés par la Direction générale de la prévision et des politiques (DGPP) du ministère des Finances en disent long sur l'emballement de la dépense publique. La bonne nouvelle est que les recettes du FRR, cette «seule vraie richesse» du pays, selon une source de la Banque d'Algérie (cf supplément économique Quotidien d'Oran - Maghreb Emergent du 3 juillet dernier) sont en hausse en 2011 par rapport à 2010. La mauvaise nouvelle est que l'Etat y a recouru de manière soutenue pour combler le déficit budgétaire. En tenant compte des mouvements en crédit et débit, les recettes disponibles dans le Fonds de régulation des recettes sont estimées à fin 2011 à 5381,7 mds de DA. C'est l'équivalent de 70,8 milliards de dollars et 37% du Produit Intérieur Brut. Les recettes disponibles sont en hausse de 538,9 milliards de dinars par rapport à l'année 2010 où ils se sont établis à 4842,8 mds de DA. Sur une fiscalité pétrolière globale de 3830 milliards de dinars, 2300 milliards ont été versés au Fonds de régulation des recettes, au titre du versement du différentiel entre le prix de référence dans le budget et les recettes pétrolières réelles. Pour rappel, une source à la Banque Centrale avait expliqué que les quelque 200 milliards de dollars de réserves de change n'étaient pas «disponibles» et sont déjà en circulation sous forme de dinars. Les seuls fonds disponibles pour l'Etat «sont les 70 milliards de dollars que contient le fonds de régulation des recettes» avait-elle expliqué. Et à l'évidence, l'Etat y puise très fortement pour financer le déficit. Le recours au bas de laine du Fonds de régulation des recettes (FRR) pour financer le déficit budgétaire a en effet plus que doublé en 2011. Il s'est établi à 1761,4 milliards (mds) de DA contre 791,9 mds de DA en 2010, selon des chiffres publiés sur le site électronique de la Direction générale de la prévision et des politiques (DGPP). EMBALLEMENT DE LA DEPENSE PUBLIQUE 2011 a été une année de grandes dépenses liées aux augmentations de salaires dans la fonction publique et même un élargissement de la politique de soutien des prix à des produits de première nécessité. C'était une réponse urgente à l'avertissement des émeutes de janvier 2011 dans un contexte arabe marqué par des mouvements de contestation des régimes en place. On en trouve la traduction dans les recours de plus en plus importants au Fonds de régulation afin de combler le creusement du déficit budgétaire qui a atteint, en 2011, la bagatelle 2.255,8 milliards de dinars, soit l'équivalent de 15,4% du PIB. Signe éloquent de l'emballement de la dépense publique, les montants prélevés du Fonds de régulation des recettes en 2011 sont pratiquement égaux à l'ensemble des fonds puisés du FRR entre 2000 - 2009, soit 1745,9 mds de DA. Tous les montants puisés dans le Fonds de régulation pour l'année «particulière» de 2011 n'ont servi qu'au financement du déficit du Trésor pour cette année. Ces prélèvements ont augmenté de 1.000 milliards par rapport à 2010. Cette affectation des ressources du FRR au seul financement du déficit budgétaire à partir de 2010 est un élément significatif de l'emballement des dépenses publiques et notamment des dépenses de fonctionnement. Jusque-là, c'est-à-dire entre 2000 - 2009, le Fonds de régulation a également servi au remboursement de la dette publique et des avances de la Banque d'Algérie. L'Etat a puisé dans le Fonds de régulation pour le paiement de la dette publique pour 2600,1 milliards de DA, soit environ 35 mds de dollars. Il a contribué aux avances de la Banque d'Algérie pour un montant de 607,9 milliards de DA. Pour rappel, la Banque d'Algérie a alerté récemment que «l'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril pendant que les recettes budgétaires totales restent fortement dépendantes de celles, très volatiles, des hydrocarbures». La mise en garde a cependant été atténuée par le rappel, par un conseiller de la Banque d'Algérie, qu'il y aura «toujours la possibilité de recourir au Fonds de régulation des ressources (FRR) qui couvrira, le cas échéant, dix ans de déficit budgétaire». En fait, le recours au bas de laine est déjà en cours alors que des appels se multiplient pour revenir à des niveaux de dépenses publiques plus «raisonnables». |
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