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Le sommet extraordinaire de l'Organisation de la
coopération islamique convoqué à La Mecque par le potentat saoudien Abdallah
Ibn Abdelaziz a donné satisfaction à celui-ci en prononçant la suspension de
l'adhésion de la Syrie à l'OCI. Pour justifier sa décision, le sommet a argué
de l'échec de l'ex-émissaire international en Syrie Kofi Annan à appliquer son plan
de paix en six points et par «l'obstination des autorités syriennes à suivre
l'option militaire pour un règlement de la crise qui secoue leur pays depuis 17
mois».
Sous la pression conjuguée des monarchies de la péninsule arabique et des Occidentaux qui font cause commune dans la crise syrienne, l'OCI a donc avalisé leur point de vue qui impute au seul régime de Damas la responsabilité de la crise et des violences dont la Syrie est le théâtre. Il s'est rallié à cette thèse alors qu'il est devenu évident, comme l'a signifié Kofi Annan dans son rapport, que l'échec de son plan de paix n'incombe pas uniquement à la partie officielle syrienne mais aussi aux autres protagonistes syriens et internationaux de la tragédie. La suspension de l'adhésion de la Syrie prononcée par ce sommet se justifierait si les participants avaient en même temps appelé les autres protagonistes du drame syrien à mettre eux aussi fin à leur obstination à la poursuite de l'option militaire. Comment dans ces conditions les participants au sommet espèrent être entendus par le régime de Damas qu'ils ont exhorté à la «cessation immédiate de tous les actes de violence» quand les autres parties mènent contre lui une guerre généralisée et auxquelles ils n'ont pas demandé d'y mettre fin. Le sommet de l'OCI a pris la décision qu'attendait de lui l'initiateur de sa convocation. Celle de renforcer l'isolement international du régime de Bachar El-Assad. Elle permet en tout cas aux puissances régionales et internationales décidées à faire tomber ce régime de s'en prévaloir comme une caution de plus à leur plan d'intervention militaire dont il est manifeste qu'elle est déjà engagée. La visite à Ankara de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, suivie du périple entamé dans la région par Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, ont eu pour but d'accélérer le processus de cette intervention à laquelle poussent de leurs côtés l'Arabie Saoudite et le Qatar. Il en résulte que la violence en Syrie va atteindre son paroxysme et déborder de la seule scène syrienne, car le régime de Damas et ses alliés régionaux et internationaux ne sont pas décidés à subir sans réagir. Dans ces conditions, il apparaît que l'éventuelle médiation internationale dont la reprise pourrait être confiée à notre compatriote Lakhdar Brahimi est d'ores et déjà mission impossible même pour un diplomate aussi chevronné et respecté que lui. Et la prise de position partiale adoptée par l'OCI à l'instigation des monarchies arabes a par avance signé son échec. Tant elle donne à comprendre que relance ou pas de la médiation internationale, l'objectif unique que poursuivent ceux qui l'ont inspiré est de chasser le régime syrien par la force. Et l'ont sait que leur détermination ne doit rien à la compassion à l'égard de la tragique situation dans laquelle le peuple syrien est plongé, qu'ils étalent hypocritement et cyniquement comme étant la seule motivation qui justifie leur alliance contre le régime de Bachar El-Assad. |
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