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Le MSP a créé un vide dans l'alliance présidentielle à combler pour le pouvoir

par Kharroubi Habib



Le départ du MSP de l'alliance présidentielle n'a  nullement remis en cau se le dessein politique du pouvoir qui est de s'appuyer sur une coalition partisane islamo-nationaliste. Dans une certaine mesure la défection de la formation de Bouguerra Soltani fait son affaire. Car, pour que la teinte islamiste de l'alliance présidentielle soit crédible, il lui faut la présence en son sein d'un parti de ce courant politique en capacité de drainer à lui et donc en faveur de la majorité présidentielle un pan significatif de militants et sympathisants de la cause islamiste. Capacité que le MSP a perdue à l'évidence comme l'ont prouvé ses piètres résultats électoraux à l'occasion du scrutin législatif du 10 mai dernier.

Le fait pour le parti de Bouguerra Soltani d'être revenu à l'opposition avec le calcul que son revirement lui vaudrait un retour en grâce auprès de ce milieu, ne lui a pas évité la déconfiture électorale et l'hémorragie de cadres et militants qui a vidé ses rangs. Le problème qui se pose au pouvoir est par qui remplacer le MSP au sein de l'alliance présidentielle, en tant que composante représentative d'une expression de l'islamisme acquis à l'union avec la mouvance nationaliste dont le FLN et le RND sont les porte-drapeaux. Amal Ghoul s'est porté candidat pour combler ce vide en prenant l'initiative de la création d'une nouvelle formation politique. Avec à n'en point douter les encouragements des cercles du pouvoir en quête d'un parti islamiste BCBG de substitution à celui de Bouguerra Soltani. L'opération est en cours et apparemment elle semble porteuse grâce à la popularité de l'ex-ministre des Travaux publics et de son profil singulier d'islamiste imprégné de modernité et d'ouverture aux autres convictions doctrinales et politiques qui s'expriment au sein de la société algérienne.

La temporisation qui est celle du chef de l'Etat à former le nouveau gouvernement post-élections législatives est à mettre en grande partie au fait qu'il attend de voir quelle tournure va prendre l'initiative de Ghoul, surtout si elle va réellement drainer vers elle une frange consistante de l'électorat islamiste. Ce qui ne peut être vérifiable qu'à l'occasion d'une échéance électorale. Or, il se trouve que celle des élections locales pointe pour le mois de novembre. Ce qui donne à penser à des observateurs et politologues que le remaniement gouvernemental qui tarde à être annoncé, ne se fera qu'après ce rendez-vous électoral.

Amar Ghoul réussira-t-il là où le MSP et les autres partis islamistes officiels ont échoué, à savoir constituer un cadre d'expression partisane dans lequel les sympathisants du courant islamiste se reconnaîtraient et en accepteront le projet politique ? Cela est jouable auprès de ceux d'entre eux qui sont acquis à la politique de l'entrisme dont le chantre a été feu Mahfoud Nahnah. Mais l'expérience a démontré que la majorité de l'islamisme politique en Algérie ne partage pas la démarche qui a été celle du MSP qui de ce fait n'est jamais parvenu à la rallier à lui. Elle semble moins encline à faire sienne la stratégie de l'entrisme que le contexte né des révoltes arabes lui fait entrevoir la possibilité d'une arrivée au pouvoir de leur courant politique sans compromission avec le pouvoir en place.