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Selon l'ex-Premier ministre : Assad ne contrôlerait que 30% de la Syrie

par Yazid Alilat

Sommet extraordinaire à très forte symbolique, tenu hier dans la soirée sur la Syrie, à La Mecque, durant la « Nuit du Destin ». L'Arabie Saoudite et plusieurs pays arabes membres du CCG devaient affirmer leur volonté d'accélérer le départ du président Bachar Al Assad, et suspendre la Syrie de l'Organisation de la coopération islamique (OCI). Les débats étaient, en fait, déjà préparés par la réunion ministérielle, tenue lundi, qui avait recommandé l'exclusion du régime de Damas de l'organisation. Mieux, les pays du CCG, Arabie Saoudite en tête, veulent accentuer la pression sur le président Bachar Al Assad pour qu'il soit sinon destitué, du moins pour qu'il parte et ouvre la voie à la fin des violences dans le pays qui auraient fait plus de 23.000 morts. Pour autant, la suspension de la participation de la Syrie au sein de l'OCI est loin de faire l'unanimité au sein des membres de cette organisation panislamique, à commencer par le fidèle allié de Damas, l'Iran. Le chef de la diplomatie iranienne Ali Salehi, s'est déclaré «ouvertement contre la suspension de n'importe quel pays». «Suspendre un pays ne signifie pas aller vers un règlement du problème», a-t-il dit.

Selon le SG de l'OCI, un projet de résolution a été adopté, à la majorité absolue» des participants à la réunion de lundi et il «sera soumis à l'approbation des dirigeants» au sommet de La Mecque.

Au sommet de La Mecque, les débats seront en fait serrés entre pro et anti-régime de Bachar Al Assad sur les moyens à mettre en oeuvre pour résoudre pacifiquement la crise syrienne, qui s'est malheureusement militarisée.

De son côté, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, a dénoncé la politique de «la terre brûlée» de Damas et estimé que la violence qui ensanglante la Syrie était «la conséquence du fait que le régime ait ignoré les demandes de son peuple». «La situation douloureuse» que vit le monde islamique, à travers le conflit syrien, «ouvre la voie à l'affaiblissement de notre Oumma (Nation) et donne des prétextes à l'ingérence dans nos affaires», a-t-il prévenu. Selon un responsable du ministère saoudien des Affaires étrangères, Mohammed Ahmed Taieb, certains délégués appelaient à une position, encore plus ferme, à l'égard de Damas, et voulaient notamment, exiger «le départ du président Assad» et «la préparation de la période de transition». Des affirmations qui tranchent avec la situation sur le terrain où l'armée syrienne aurait repris le contrôle de quartiers tenus par les rebelles, à Alep, pilonnée depuis plusieurs jours à l'arme lourde. Les combats sont intenses à Alep. Des accrochages entre armée et rebelles se déroulaient mardi et des explosions étaient entendues dans les quartiers de Salaheddine et Seif al-Dawla à Alep, alors que «les quartiers de Sahour, Hanano et Chaar (est) étaient soumis à un pilonnage de la part de l'armée», selon l'observatoire syrien des droits de l'homme. A Damas, des accrochages sporadiques sont signalés, dans plusieurs quartiers, alors que l'armée procède à une vaste opération de perquisitions dans la capitale syrienne.

Une semaine environ après avoir fait défection, l'ex-Premier ministre syrien Riad Hidjabi a affirmé, depuis la Jordanie où il s'est installé, que le régime du président Bachar al-Assad ne contrôlait plus que 30% de la Syrie. Cette affirmation, faite le jour de la tenue du sommet extraordinaire de l'OCI, semble difficilement vérifiable sur le terrain, d'autant que des dizaines de milliers de Syriens quittent le pays, fuyant les combats dans des villes devenues des champs de bataille. «Le régime syrien ne contrôle plus que 30% du territoire de la Syrie», a affirmé Hidjabi, au cours d'une conférence de presse à Amman. Pour lui, ?'le régime s'est effondré militairement, économiquement et moralement». «Je vous assure, du fait de mon expérience et du poste que j'ai occupé, que le régime s'est fissuré», a-t-il insisté.

De telles déclarations font, ainsi, le lit des puissances occidentales qui veulent achever, au plus vite, le régime des Al Assad. Lundi, Washington avait indiqué qu'il n'écartait aucune hypothèse pour obtenir le départ du président syrien, au moment où des rumeurs refont surface sur la mise en place éventuelle d'une zone d'exclusion aérienne. «Le président et son équipe n'écartent aucune hypothèse alors que nous essayons de trouver, avec tous nos partenaires et le peuple syrien, une solution pour une transition politique» en Syrie, a déclaré Jay Carney, porte-parole de la Maison-Blanche. «Nous regardons toutes les options possibles et nous continuerons à le faire», a-t-il ajouté. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'était engagée, samedi en Turquie, à «accélérer» la fin du régime syrien.