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La décision du Maroc de retirer sa «confiance» à
Christopher Ross, l'émissaire personnel du secrétaire général de l'Onu pour le Sahara Occidental,
est devenue encombrante pour Rabat. Le gouvernement islamiste de Benkirane -
qui vient de s'excuser platement auprès du roi et de ses conseillers pour des
«excès» de langage - est contraint d'assumer, à la place du Palais, une fort
mauvaise décision. Des hommes politiques marocains, qui savent qu'une telle
décision n'aurait pu être prise sans l'aval du roi, en ont profité pour porter
des coups au gouvernement du PJD.
Ce choix unilatéral, «sans consultations avec les alliés du Maroc», pour reprendre la formule de Mohamed El Yazghi, ancien ministre et ancien secrétaire général de l'USFP, pose en effet des problèmes. Le gouvernement ou, à tout le moins, le ministre Saad Eddine Al-Othmani se retrouvent dans la posture de fusibles potentiels au vu de l'incapacité de la diplomatie marocaine à le faire passer chez ses «alliés». Si cette décision est passée sans encombre auprès des Français qui soutiennent tout ce que décide le Maroc sur la question du Sahara Occidental, il n'en est pas de même pour les autres pays où la pilule n'est pas passée. Certes, les Etats-Unis ont exprimé sans animosité leur rejet de la décision marocaine de retirer la confiance à Christopher Ross. Ils n'ont pas cherché à brusquer Rabat, mais ils n'en ont pas moins réitéré avec fermeté leur soutien au diplomate américain dont l'action est trop injustement flétrie par Rabat sous l'accusation de partialité. C'est l'ambassadeur des Etats-Unis à Rabat, Samuel Kaplan, qui s'est chargé, à la mi-juillet, d'envoyer un message dénué d'équivoque : «Les Etats-Unis soutiennent le processus onusien au Sahara et Christopher Ross en fait partie». L'ambassadeur réitérait, mot pour mot, la déclaration du secrétaire d'Etat adjoint William Burns en mai dernier alors que les responsables marocains menaient une intense activité de lobbying à Washington. «Les Etats-Unis continuent d'appuyer les efforts visant à trouver une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable au conflit du Sahara Occidental, ainsi qu'au processus de négociation des Nations unies dirigé par l'envoyé personnel du secrétaire général de l'Onu pour le Sahara Occidental, l'ambassadeur Christopher Ross». Le message des Américains est tellement net que le ministre marocain des Affaires étrangères ne peut se permettre de l'ignorer. S'il fait l'éloge de la qualité des relations avec les Etats-Unis, il n'en admet pas moins que l'affaire Ross a créé un «nuage» dans les relations avec Washington. Et ces nuages, dit-il, sont en «voie de dissipation». La formule est diplomatique à souhait. Mais la lecture simple est que les nuages ne sont toujours pas dissipés. Et que la diplomatie marocaine, après avoir pris sur instruction royale une décision irréfléchie - personne ne croit sérieusement à la thèse de la «partialité» de Christopher Ross -, en est à déployer des efforts importants pour en atténuer l'impact. L'effort paraît peu concluant quand on observe le chef de la diplomatie marocaine essayer d'exploiter la situation au Sahel et tenter de faire un amalgame avec les camps de réfugiés sahraouis. C'est un vieux tic de propagande qui ne marche pas même si Rabat a arrosé inutilement dans le passé un présumé «centre d'études» farfelu basé en Europe pour essayer d'accréditer l'existence d'un lien entre le Polisario et Al-Qaïda. A l'évidence, l'épisode Ross embarrasse Rabat au plus haut point. C'est un embarras gouvernemental. Il est aussi un embarras royal. Al-Othmani payera peut-être la facture. Voire Benkirane lui-même puisque, paraît-il, «il a cessé d'amuser le roi». |
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