La Ligue arabe voudrait de nouveau reprendre la main dans les opérations
de sortie négociée de la crise politique et aujourd'hui militaire de la Syrie,
alors que les Etats-Unis, par le biais de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton
veulent pousser à la sortie le président Bachar Al-Assad et son régime. Les
chefs de la diplomatie arabe, devant la situation militaire qui a empiré en
Syrie où de violents combats opposent rebelles et armée régulière à Alep et
Damas, doivent se rencontrer de nouveau ce dimanche à Djeddah, a annoncé au
Caire un haut responsable de la Ligue arabe. Les ministres tiendront une
«réunion d'urgence» à Djeddah «pour étudier les développements en Syrie et
l'action politique» à entreprendre après la démission de M. Annan, a indiqué le
secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Ahmed Ben Helli. La tenue de
cette rencontre des ministres arabes des Affaires étrangères sur la Syrie
coïncide également avec le sommet de l'OCI, prévu également en Arabie Saoudite,
mardi prochain, et consacré à la crise syrienne. Au menu des discussions des
diplomates arabes, le remplacement de M. Annan probablement par M. Lakhdar
Brahmi, pressenti à ce poste par le SG de l'ONU Ban Ki-moon. L'ex-SG de l'Onu
avait démissionné de son poste de médiateur de l'Onu et de la Ligue arabe pour
la crise syrienne du fait des profondes divergences entre les membres permanents
du Conseil de sécurité sur la conduite à tenir pour résoudre pacifiquement le
dossier syrien. En Turquie où elle est arrivée pour des concertations avec ses
homologues turcs sur la situation en Syrie, la secrétaire d'Etat US a,
d'emblée, annoncé l'objectif des autorités américaines de pousser à la sortie
le régime de Bachar Al-Assad, et stigmatisé les liens entre la Syrie, l'Iran et
le Hezbollah, un axe qui s'est toujours opposé à l'hégémonisme sioniste dans la
région. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'est engagée, hier à
Istanbul, à «accélérer la fin de l'effusion de sang et du régime Assad» en
Syrie. Lors d'une conférence de presse à Istanbul avec son homologue turc Ahmet
Ahmet Davutoglu, Mme Clinton a déclaré avoir évoqué des plans opérationnels
avec la partie turque afin d'»accélérer la fin de l'effusion de sang et du
régime Assad. Ceci est notre objectif stratégique». «Nous continuons à
accroître la pression de l'extérieur. Nous avons annoncé vendredi à Washington
des sanctions destinées à exposer et à casser les liens entre l'Iran, le
Hezbollah et la Syrie qui prolongent la vie du régime Assad», a déclaré Mme
Clinton. La secrétaire d'Etat doit s'entretenir à Istanbul avec le président
Abdullah Gül et le chef du gouvernement Recep Tayyip Erdogan, avec lesquels
elle évoquera le soutien à l'opposition syrienne, l'aide humanitaire et un
scénario de transition politique pour la Syrie. Par ailleurs, sur le terrain,
les combats n'ont pas faibli d'intensité à Alep où l'armée régulière tente de
déloger les combattants de l'armée syrienne libre (ASL) de certains quartiers
de la seconde ville syrienne, alors qu'à Damas et Homs, les combats ont repris
après plusieurs jours d'accalmie. A Alep, les affrontements étaient
particulièrement violents hier, les combattants de l'ASL ayant affirmé avoir
repris des positions à l'armée régulière dans le quartier emblématique de
Salaheddine. ?'L'Armée syrienne libre a réussi à reprendre quelques positions
stratégiques» dans le principal bastion rebelle de Salaheddine, a déclaré Abdel
Qader Saleh, un commandant de l'ASL, formée de déserteurs et de civils ayant
pris les armes. «Les combats sont violents et ne se sont pas arrêtés depuis 24
heures. Plusieurs secteurs d'Alep sont soumis à un pilonnage», a ajouté ce chef
des opérations du bataillon «Tawhid» dans la région d'Alep. Selon
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), l'armée semblait préparer
une «vaste opération» contre le quartier d'Al-Soukkari, un autre bastion des
rebelles à Alep, soumis samedi matin à un pilonnage intense. Dans le même
temps, de violents accrochages entre soldats et rebelles avaient lieu dans le
quartier Tadamoun à Damas et des tirs et des explosions étaient entendus dans
d'autres secteurs de la capitale syrienne. A Homs, des témoins rapportent
également de violents combats entre l'opposition et les troupes de l'armée
régulière.