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L'ancien ministre algérien des Affaires étrangères,
Lakhdar Brahimi, est sollicité pour reprendre en main la mission à laquelle
l'ancien secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, a renoncé. L'enthousiasme des
Occidentaux à le voir accepter devrait l'alerter, il ne doit pas être source de
satisfaction. L'ancien chef de la diplomatie algérienne qui n'est plus de toute
jeunesse ne devrait a priori pas être tenté par les honneurs pour une mission
casse-cou. Les expériences aux résultats équivoques des missions qu'il a déjà
accomplies l'inciteraient plutôt à la retenue. Car, mis à part le fait qu'il
soit Arabe et Algérien, les données sur lesquelles a travaillé Kofi Annan sont
les mêmes.
On l'a déjà écrit, ici, et il n'est pas inutile de le répéter : l'ancien secrétaire général de l'Onu n'a pas échoué dans sa mission. Il s'en est tenu à l'esprit et à la lettre du mandat qui lui a été donné : chercher une solution politique à la crise syrienne. C'est ce qu'il a essayé de faire avec un souci clairement exprimé d'éviter que la Syrie ne vole en éclats. Il était, logiquement, dans la recherche d'une solution politique alors que les Occidentaux et les régimes du Golfe n'en voulaient pas. S'il a remis le tablier, ce n'est pas à cause des Russes et des Chinois comme se plaisent les médias occidentaux à le dire et d'ailleurs ils n'insistent pas sur ce thème tellement l'argument est vaseux et intenable. Il a jeté l'éponge car les Occidentaux et les régimes arabes du Golfe avaient une autre vision de sa mission. Lakhdar Brahimi ne l'ignore pas. Les termes de l'équation sont les mêmes. Les Russes et les Chinois ne vont pas changer de position et resteront sur la perspective d'une solution politique négociée entre le régime et les oppositions syriennes. Les Occidentaux et les régimes du Golfe ne sont pas près de favoriser une telle option. Ils sont dans des stratégies de préparation d'un conflit majeur avec l'Iran et abattre le régime syrien en fait partie. A contrario, les Iraniens pressentent que c'est leur sort qui se joue en Syrie et mettent tout en œuvre pour le soutenir. Dans ce grand bras de fer des puissances, à défaut d'une chute du régime par des moyens militaires, c'est une entreprise de destruction généralisée de la Syrie qui se déroule. Au terme de cette autodestruction avec l'aide d'armes venues de l'extérieur, l'apparition de 4 cantons syriens sur des bases ethno-religieuses pourrait apparaître comme une solution « humaine ». Kofi Annan, systématiquement dénoncé et critiqué par l'opposition syrienne de l'extérieur, assumait avec sincérité sa mission. Il cherchait, ainsi que le stipulait son mandat, une solution politique non désirée par les Occidentaux. Que peut faire de mieux Lakhdar Brahimi ? S'il œuvre à une solution politique - cela implique nécessairement une négociation entre les tenants du régime et les oppositions syriennes - il n'aura pas, comme Annan l'a expérimenté, l'appui des Occidentaux. S'il fait du départ de Bachar Al-Assad un préalable et non un élément de la négociation, il n'aura pas l'appui de la Russie. Kofi Annan a choisi de remettre le tablier plutôt que de servir d'alibi à une entreprise qui dépasse désormais les Syriens mais dont ils paient et paieront le coût. Le fait que Lakhdar Brahimi soit « Arabe » ne change pas la donne : l'option c'est être un médiateur dans le sens plein du terme. Ou un alibi pour des Occidentaux et des régimes arabes du Golfe qui agissent déjà en dehors de l'Onu et rendent son action inopérante. |
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