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Coup dur pour l'Egypte et Ghaza : Des «djihadistes» massacrent 16 gardes-frontières égyptiens

par Salem Ferdi

Des djihadistes présumés ont lancé une attaque meurtrière contre un poste-frontière tuant 16 gardes-frontières égyptiens. Impact négatif immédiat sur Ghaza : le terminal de Rafah est fermé pour une durée indéterminée. Des Palestiniens dénoncent un «crétinisme politique» des islamistes «ultras» qui sert bien les intérêts d'Israël

Une dizaine d'islamistes djihadistes présumés armés de grenades, d'armes automatiques et de lance-roquettes ont lancé une attaque meurtrière contre un poste-frontière entre l'Egypte et Israël et ont tué seize gardes-frontières égyptiens. Ils se sont saisis de deux véhicules blindés pour dépasser la frontière où ils se sont fait tuer comme des lapins. La démarche, aussi meurtrière que suicidaire et contreproductive, porte bien la marque des djihadistes. Ce qui n'exclut pas la possibilité de manipulation de ces derniers. L'attaque est un coup dur pour l'Etat égyptien et pour Ghaza qui espérait, avec le nouveau cours des choses dans le pays voisin, une amélioration de sa situation. Que ce soit pour le président islamiste Mohamed Morsi ou pour l'armée, cette opération est une très mauvaise affaire. Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, attendant d'eux qu'ils apportent la preuve qu'ils tiennent en main le pays. A contrario, l'opération est très profitable à Israël qui met en avant le fait que ses services de renseignements avaient collecté préalablement des informations qui ont permis de faire échec à l'attaque. Sur un second plan, l'Etat hébreu en profite pour déverser des accusations contre la bande de Ghaza comme source du problème.

GHAZA PAYE LA FACTURE

De fait, l'une des premières mesures de l'Egypte a consisté à fermer sine die le terminal de Rafah, unique point de passage entre Ghaza et le monde extérieur. Le mouvement Hamas qui contrôle la bande de Ghaza et tente d'y imposer un cessez-le-feu de fait avec Israël a annoncé avoir fermé tous les tunnels de contrebande pour éviter toute fuite des membres du commando de l'Egypte vers Ghaza. Mais il était clair, dès l'annonce de l'attaque, que la bande de Ghaza allait pâtir en premier de cet attentat. D'autant qu'un haut responsable de la sécurité égyptienne, cité par l'agence Mena, a affirmé que les assaillants étaient des «djihadistes» venus de la bande de Gaza. Ils ont lancé l'attaque au moment où les gardes-frontières rompaient le jeûne. «Des éléments djihadistes infiltrés de la bande de Gaza à travers les tunnels, en collaboration avec des éléments djihadistes des régions d'Al-Mahdiya et de Gabal Halal (en Egypte), ont attaqué un poste-frontière pendant que les soldats et les officiers prenaient l'iftar», a-t-il affirmé, cité par l'agence Mena. Circonstances aggravantes, l'attaque a été appuyée par des tirs de mortiers provenant de la bande de Ghaza. L'attaque est en effet désastreuse pour les habitants de Ghaza qui espéraient une amélioration des conditions de circulation. A telle enseigne que l'agence de presse palestinienne Ma'an News estime qu'il «est impossible de ne pas y voir une collusion entre les forces d'occupation et les attaquants...».

CRETINISME POLITIQUE DES ISLAMISTES «ULTRAS»

Ma'an News constate que l'agression «a pour effet immédiat la fermeture pour une durée indéfinie du poste-frontière de Rafah, et place le président égyptien Morsi dans une situation très difficile vis-à-vis de l'armée». La mouvance islamiste «ultra» est mise en cause. «Qu'il s'agisse d'un profond crétinisme politique ou d'une collusion directe de la part de la mouvance islamiste radicale, il est établi une fois de plus que le sionisme et ses soutiens sauront toujours exploiter et manipuler ce genre d'organisations». Le Hamas a condamné un «crime horrible» et présenté ses condoléances «aux familles des victimes et à la direction et au peuple de l'Egypte». «Nous jurons au nom de Dieu que nous allons les venger», a indiqué l'armée égyptienne. «Les Egyptiens ne vont pas attendre longtemps avant de voir la réaction» à cette attaque perpétrée par des «terroristes», ajoute le communiqué du Conseil suprême des forces armées (CSFA). »Toute personne en lien avec les groupes qui ont attaqué ces derniers mois nos troupes dans le Sinaï va payer cher, qu'elle soit en Egypte ou à l'étranger», poursuit le texte. De son côté, le président égyptien, Mohamed Morsi, s'est engagé dans la nuit à reprendre en main le Sinaï. «Les forces imposeront tout leur contrôle sur ces régions», a-t-il déclaré dans une allocution télévisée, à l'issue d'une réunion d'urgence avec des responsables militaires, le ministre de l'Intérieur et le chef des renseignements. Des «instructions claires» ont été données pour reprendre «le contrôle total du Sinaï» et pour «pourchasser et mettre la main sur les auteurs de ce crime», a-t-il poursuivi, ajoutant que les assaillants «le paieraient cher», tout comme «ceux qui collaboreront avec eux». Peuplé de Bédouins longtemps marginalisés sous le régime d'Hosni Moubarak, la situation sécuritaire au Sinaï est compliquée en raison d'une présence très limitée de l'armée égyptienne en vertu des accords de Camp David de 1979. Le président Mohamed Morsi a proclamé trois jours de deuil national. Son porte-parole, Yasser Ali, a indiqué que des funérailles militaires seraient organisées mardi pour les victimes.»Tous les services de sécurité travaillent 24 heures sur 24 pour enquêter sur l'incident et pour arrêter rapidement les auteurs. Les résultats de l'enquête seront révélés au plus vite», a ajouté M. Ali.