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Allaitement maternel : Les Algériennes n'aiment pas donner le sein

par Moncef Wafi

Aussi paradoxal qu'inattendu, le taux d'allaitement maternel, exclusif jusqu'à l'âge de six mois, ne représente que 7% dans la société algérienne alors qu'il varie entre 30 et 47% dans les pays voisins. Mieux encore, le taux d'introduction de l'allaitement maternel a atteint 90 à 95% dans les pays scandinaves.

Ce pourcentage a été donné par la chargée du programme alimentaire national, au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le Dr Zakia Fodhil Chérif. Elle précisera que l'allaitement maternel, un vaccin naturel pour le bébé et la mère, est en net recul en Algérie, bien que 95% des naissances surviennent en milieu hospitalier. Et c'est justement à ces structures sanitaires de sensibiliser les parturientes aux bienfaits du lait maternel. Le Pr Djamil Lebane, chef du service de néonatologie, au CHU Mustapha-Pacha, a appelé les services de Protection maternelle et infantile et les structures sanitaires à déployer davantage d'efforts pour réhabiliter l'allaitement maternel. Rappelons que les préceptes de l'Islam nous apprennent que l'allaitement au sein de l'enfant doit se faire jusqu'à l'âge de deux ans. Une durée conseillée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), à l'occasion de la célébration de la semaine mondiale de l'allaitement maternel, organisée chaque année, du 1er au 7 août. L'OMS a affirmé que les anticorps contenus dans le lait maternel préservent l'enfant de la malnutrition ainsi que de plusieurs maladies telles que la diarrhée et la pneumonie et appelle les mères à allaiter leurs nourrissons jusqu'à l'âge de deux ans, tout en ajoutant de façon progressive des aliments en complément du lait maternel, à partir du sixième mois de naissance. La mise au sein précoce permet également de réduire le risque hémorragique chez la femme, considéré comme étant la deuxième cause de la mortalité maternelle en Algérie, selon les chiffres de l'enquête nationale de 2000, élaborée par le ministère de tutelle et l'Unicef.

Selon les estimations de l'OMS, 40% des nourrissons à travers le monde, s'alimentent exclusivement du lait maternel qui reste la nourriture la plus naturelle pour le bébé et la plus économique. Il lui apporte tous les éléments nutritifs nécessaires et ses facteurs anti-infectieux le protègent contre des infections et réduit le risque d'allergie. Le lait maternel participe également à la prévention ultérieure de l'obésité dans l'enfance et l'adolescence. L'allaitement au sein améliore sensiblement les performances scolaires et cognitives chez les enfants allaités plus de 8 mois par rapport aux enfants non allaités. Les suites de couches sont plus simples pour la mère puisque l'utérus se rétracte plus vite, le risque d'infection du post-partum est réduit et il diminuerait le risque de cancer du sein et de l'ovaire avant la ménopause. L'OMS conseille, par ailleurs, les mères à allaiter leurs bébés dès la première demi-heure de leur naissance, tout en soulignant l'importance des premières gouttes du lait maternel pour le bébé et en évitant l'utilisation des sucettes à cet âge-là. Pourtant, et en dépit des preuves irréfutables qui établissent que l'allaitement exclusif protège de maladies comme la diarrhée et la pneumonie, qui tuent des millions d'enfants chaque année, les taux d'allaitement ont quasiment stagné dans le monde en développement, passant de 32% en 1995 à 39% en 2010.