A part la canicule
sévissant ces derniers jours, dans toute la région du Sersou, avec des
températures de plus de 42° à l'ombre le jour et prés de 30° degrés la nuit, à
Tiaret, rien à signaler tant les ramadhans se suivent et se ressemblent comme?
deux gouttes d'eau.
«Au point que le
ramadhan de l'année dernière est exactement le même que celui de cette année»
ironique un jeune Tiarétien qui nous dit, préférer passer l'ambiance du
ramadhan au sud du pays, (à Touggourt) «de loin meilleure que celle du nord de
l'Algérie». En effet, Hamid, en vacances à Tiaret après 25 jours de travail
sans arrêt à Touggourt, s'ennuie du mois de piété dans sa ville natale, parce
que selon lui, une fois les ripailles du soir passées, il n'y a rien à se
mettre sous la dent en terme d'activités culturelles, artistiques, ou même de
loisir et de divertissement. Il est vrai que depuis le début du mois de
ramadhan, (qui a déjà consommé sa moitié), rien de vraiment spécial du coté de
l'animation culturelle et artistique, excepté quelques rares spectacles aussi
insipides, que peu médiatisés auprès du large public. Le soir venu, les gens
n'ont pas où aller pour respirer un peu d'air frais, et récupérer après des
journées de jeûne longues, très chaudes et éprouvantes. A part le jet d'eau de
l'ex-place Carnot, où des familles entières viennent «s'entasser» sur le marbre
pour trouver un brin de fraîcheur, ou bien les places publiques, où les gens
convergent par pelotons entiers en quête d'un peu de loisirs en veillant, bien
évidemment, à se tailler quelque bavette, les gens s'ennuient à mourir et n'ont
d'autre choix que de déambuler, sans repère fixe, dans la ville jusqu'à une
heure tardive de la nuit. A part le «feu qui se déclare tous les jours dans les
marchés et, les climatiseurs qui se vendent comme des petits pains, rien à
signaler pour ce ramadhan dans une ville, où tout le monde dort en même temps,
se réveille en même temps et mange en même temps?» commente, la langue sèche et
les yeux mi-clos, un homme d'une quarantaine d'années, arpentant le marché
couvert du centre-ville, à la recherche «désespérée» d'un bouquet de coriandre.
Pour la triste anecdote, de nombreux jeûneurs, aux yeux plus gros que le
ventre, se réveillent à l'heure du coq pour se procurer un bouquet de coriandre
à 70 dinars SVP, où même du persil, proposé jeudi dernier à 80 dinars. Mais si
de nombreux Tiarétiens préfèrent se calfeutrer chez eux la journée pour éviter
les dards du soleil, d'autres, ceux qui travaillent surtout, trouvent tout de
même le courage de mettre le nez dehors par des températures
quasi-irrespirables. La nuit tombée, le long de certaines ruelles, des citoyens
anonymes trouvent le courage pour venir en aide aux gens de passage, en mettant
à leur disposition de l'eau fraîche, placée généralement devant des maisons ou
des locaux commerciaux. «C'est après la rupture du jeûne, après une journée
éprouvante, que les gens s'ennuient à mourir, malgré un bon quadrillage
sécuritaire de la ville ; il y a des policiers partout, en tenue et en civil,
cela nous rassure avec nos familles» se réjouit Djillali, un jeune retraité? de
52 ans. Mais à part flâner sans but dans la ville, où se rendre dans les places
publiques pour fuir la chaleur des maisons, «il n'y a rien à se mettre sous la
dent» renchérit Abed, qui compte passer la dernière décade du mois sacré chez
des amis au bord de la mer. A Tiaret, depuis le début de ramadhan, les murs de
la ville respirent l'ennui jusqu'à? la suffocation. L'absence d'activités
culturelles et d'animation, malgré une bonne ambiance estivale, sape le moral
de la population, et l'oblige à faire bon cœur contre mauvaise fortune? du
moins jusqu'aux fêtes de l'aïd, où le fil du temps reprendra son train-train
quotidien, ou presque? !