Les boulangers
sont toujours au bout du rouleau et chaque année, ce sont des dizaines qui
changent d'activité et ce, pour différentes raisons. Si la question de la marge
bénéficiaire a constitué l'une des revendications centrales de cette
corporation, depuis deux ou trois ans, ils font face à la rareté de la
main-d'œuvre, notamment en milieu urbain, et aux coupures intempestives
d'électricité. Ces dernières contraintes ont mis à genoux les plus convaincus
de ce métier qui, dans certaines familles, est transmis de père en fils. Ainsi,
concernant la marge bénéficiaire et en dépit des appels lancés en direction des
pouvoirs publics de revoir à la hausse le prix de la baguette, dont la dernière
revalorisation date de 1996, la réponse a été négative au moment où les charges
ont augmenté. Devant cette situation, les boulangers ont décidé derechef
d'arrondir le prix à 10 DA, un tarif qui se rapproche relativement de celui
exigé, à savoir 12 DA. Mais durant le mois de Ramadhan, des boulangers,
exploitant les «envies» des consommateurs, ont soigné leurs recettes en
produisant pour la circonstance des pains dits améliorés, tel celui à base de
semoule tarifé entre 12 et 15 DA, alors que le pain brioché est vendu à 20 DA
la baguette de 250 grammes. La rareté de la main-d'œuvre qualifiée en milieu
urbain contraint les patrons boulangers à engager des jeunes formés sur le tas
et qui proviennent de l'intérieur du pays. Leur retour auprès des leurs durant
les fêtes crée une pénurie, et cette année en raison de la canicule, ce sont
20% des boulangeries de la wilaya d'Oran qui ont pris leur congé. Fait
inhabituel, explique un boulanger, étant donné qu'en temps normal, le Ramadhan
a toujours été une période faste. Le troisième fardeau de plus en plus pesant
est sans conteste les coupures d'électricité, et nombreux sont ceux qui ont
jeté d'importantes quantités de pâte pour n'avoir pas pu la conserver à la
température indiquée. Une coupure de 45 min. peut engendrer une perte sèche de
7.500 DA, et à raison de deux à trois fois pas semaine, le boulanger sera
déficitaire. Devant profiter de subventions pour compenser la faible marge
bénéficiaire et après la farine, l'acquisition de groupes électrogènes pour parer
à toute éventualité et ce, à travers un crédit sans intérêt qui est en
gestation depuis deux ans, a été concrétisée cette année à l'issue de la
signature d'un protocole d'accord entre la Fédération nationale des boulangers,
sous tutelle de l'UGCAA, et la Banque de l'agriculture et du développement
rural (BADR). Ainsi à Oran, l'opération d'octroi de crédits bancaires au profit
des boulangers pour l'acquisition de groupes électrogènes, lancée il y a une
semaine par le bureau d'Oran de l'UGCAA, a permis jusqu'à hier le dépôt de 32
dossiers en attendant les autres professionnels du pain, dont le nombre est
estimé à 490, un chiffre en baisse étant donné qu'il y a quelque temps, il
était de l'ordre de 600.
Selon le premier
responsable du bureau d'Oran de l'Union des commerçants, les inscriptions se
font auprès de l'union qui propose deux genres de groupes électrogènes, l'un
manuel et l'autre automatique. Si le premier doit être actionné pour pallier à
toute coupure d'énergie, le second se déclenche automatiquement après la
coupure d'électricité. Au total, 4 fournisseurs ont été retenus jusqu'à
maintenant à l'échelle nationale, dont un à Chlef qui sera chargé de répondre
aux besoins des wilayas de l'Ouest. Après la présentation de la facture pro
format et de quelques documents attestant la profession, ainsi que le versement
d'un apport personnel de 10% du montant du matériel, un chèque est remis au
concerné dans un délai court, selon notre interlocuteur, pour se faire livrer
sur place son équipement. Quant à la durée de remboursement, l'accord prévoit
une période de 10 ans.