Après le couffin et les vêtements, les regards des ménagères se tournent,
pour cette deuxième moitié du Ramadhan, vers l'autre pôle d'attraction, celui
des magasins et des étals des produits entrant dans la composition des gâteaux
de l'Aïd. Les étals croulent sous les produits pour gâteaux et les clientes ne
manquent pas. Les magasins spécialisés dans la vente des ces produits arborent
des couleurs. Au boulevard Mascara où de nombreux magasins proposent justement
les produits bruts et ingrédients divers servant à confectionner les gâteaux,
les senteurs et effluves se dégagent de partout. Ainsi, les magasins des fruits
secs, sis au boulevard Mascara, enregistrent une grande affluence des clientes
pour acquérir ces produits, commercialisés dans des boîtes ou vendus en vrac.
Ils proposent ainsi des variétés d'arachides, d'amandes et de noix, qui sont
utilisées dans la préparation des gâteaux de l'Aïd, auxquelles s'ajoute la
pistache qui connaît une forte demande ces dernières années, après la
«prolifération» des gâteaux syriens et turcs à Oran. Là aussi, l'on remarque
que les prix sont assez élevés. Mais tous ces produits trouveront
paradoxalement preneurs, malgré les prix, même parmi ces gens qui se plaignent
de la cherté de la vie et de leurs faibles revenus. «Les cacahuètes constituent
la moitié de la demande des consommateurs, en raison de leur prix, permettant à
la majorité des ménages de s'en procurer et de l'utiliser dans toutes les
variétés de gâteaux, même ceux qui comportent des ingrédients essentiels, comme
la pistache, les noix et les amandes», explique un revendeur au niveau de ce
boulevard. Toutefois, leurs prix ont connu une importante hausse, passant de
350 dinars à 400 dinars le kilo. «La princesse amande», maîtresse de tous les
gâteaux traditionnels, coûte 700 dinars, non émondée, et entre 1.000 et 1.200
dinars le kilo émondée selon la qualité. Les pistaches tiennent le haut du pavé
avec «pas moins de 2.200 dinars le kilo, voire 2.500 dinars, tandis que les
noisettes et les noix sont proposées à 1.600 dinars le kilo. Devant la cherté
de ces produits, certaines familles oranaises préfèrent la préparation de
gâteaux traditionnels sans arachides (kaak, makroud, griouech ?).
Par ailleurs, au moment où certaines mères de familles restent encore à
cheval sur les traditions et s'attellent, à l'approche de l'Aïd, à la
préparation des gâteaux traditionnels, d'autres préfèrent tout simplement se
les procurer dans les commerces spécialisés dans ce créneau. «Je préfère
acheter mes gâteaux, car c'est du pareil au même. C'est la solution la plus
simple pour les femmes qui travaillent et qui n'ont pas le temps, en plus avec
la cherté des produits, ça revient au même». Ainsi, et depuis quelque temps
déjà, de plus en plus de femmes se tournent vers les «professionnelles» du
rouleau pour passer commande des gâteaux de l'Aïd. Une situation qui trouve son
origine dans l'évolution de la condition socio-économique de la femme. A propos
des tarifs appliqués, leur constante augmentation épouse les exigences du
marché et notamment la hausse des produits de base. Le prix du kilo de gâteau à
base de cacahuètes est passé de 600 DA l'année passée à 700 DA voir 750 dinars
cette année ; le kilo de «griouech» est proposé à 400 dinars, les gâteaux à
base d'amande sont proposés à 1.400, voire 1.600 dinars le kilo. La vente de
gâteaux orientaux est un commerce d'un nouveau genre qui s'est installé pour
offrir ses services. Oran a vu, en l'espace d'une décennie, fleurir des
magasins vantant tout un savoir-faire dans la préparation de gâteaux aussi
traditionnels que modernes.