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Coupures d'électricité et délestages : Le retard dans le lancement des projets pointé du doigt

par M. Aziza

Le délestage et les coupures d'élec- tricité inopinées qui surviennent chaque été, entraînant parfois des émeutes, sont en fait le résultat des retards cumulés dans le lancement des projets d'investissements dans le secteur et l'absence de stratégie basée sur la diversification des ressources et sur la rationalisation de l'utilisation de l'énergie. Tel est le point de vue du chercheur au centre de développement des énergies renouvelables (CDER), Salim Kehal, exprimé avant-hier soir, lors d'une conférence-débat organisée par le Réseau algérien des Medias pour l'économie verte et l'environnement (Rameve), tenue au siège d'Interface Medias, à Alger. Les animateurs de la conférence-débat ont tous reconnu qu'effectivement la demande en énergie électrique notamment en été dépasse l'offre. «Nous sommes à 10.000 MW de production, alors que le taux de progression de la consommation d'électricité est en hausse d'une année à une autre, avec des pics de 9.000 MW, soit une croissance de 14% d'une année sur l'autre».

Le directeur de conduite système à l'Opérateur Système affilié à la Sonelgaz, Aziz Ameyoud, a précisé dans ce sens que l'Algérie est l'un des pays au monde où le pic de consommation évolue le plus rapidement. «On a connu des explosions de taux de croissance pour la consommation électrique de l'ordre de 22% à Biskra et El-Oued, durant cet été», a-t-il souligné. Et d'enchaîner: «Nous avons également enregistré un pic de plus de 8.800 MW, fin juin, dépassant ainsi la capacité mobilisée par le parc national de centrales, notamment en début d'après-midi et en début de soirée, ce qui entraîne automatiquement des incidents techniques sur le réseau de distribution, provoquant des coupures d'électricité», a-t-il expliqué. En ce qui concerne le délestage, Aziz Ameyoud a souligné que «ces coupures localisées, programmées sont volontaires, elles sont si nécessaires pour la sauvegarde du réseau et des équipements». Il poursuit: «Le délestage constitue le dernier recours pour redresser l'équilibre entre l'offre et la demande. Une grande partie des coupures survenues cet été sont dues à des problèmes techniques, le délestage et les coupures ont concerné beaucoup plus le Sud-Est du pays».

Le recours à la climatisation, notamment en été avec une température de plus de 50 degrés à l'ombre au Sud du pays, est un droit légitime pour un peuple en développement, a estimé le spécialiste en énergie renouvelable Salim Kehal. Pour le chercheur, la progression de la consommation n'est pas le seul facteur à l'origine des délestages et des coupures inopinées de l'électricité qui interviennent le plus souvent en été. Le conférencier a cité d'autres facteurs de taille qui aujourd'hui poussent la Sonelgaz à recourir à des solutions urgentes pour préserver ses équipements et son réseau.

Kehal a estimé que les autorités compétentes ont perdu beaucoup de temps pour lancer des projets de construction de nouvelles centrales électriques. «Les autorités ont dit non pour la construction des centrales auparavant. Après, ils ont misé sur les investissements directs étrangers pour répondre à la demande interne en électricité, chose qui n'a pas eu lieu et qui a engendré des retards qui sont difficiles à rattraper rapidement», a-t-il indiqué en estimant que logiquement «les projets stratégiques comme l'énergie électrique, l'eau et les infrastructures routières doivent être du ressort de l'Etat».

L'autre facteur qui a aggravé la situation est la décision de construire rapidement, sans prendre en compte notre climat pratiquement chaud, les 2 millions de logements qui sont des constructions énergivores (chaud en été et glacial en hiver). Sans parler autant du facteur économique et commercial. Nos importateurs importent exclusivement des produits de réfrigération, ainsi que des lampes électriques énergivores. Le chercheur plaide pour un mix énergétique, une approche adoptée par les Etats-Unis et qui a fait ses preuves. M. Kehal préconise le recours aux énergies renouvelables, plus spécialement l'énergie solaire, de mettre en place une réglementation et un cadre juridique favorable pour promouvoir le concours du secteur privé afin d'asseoir une politique de prix concurrentiel pour sensibiliser les consommateurs afin de choisir les produits d'énergie électrique solaire moins polluante et durable et garantir de ce fait, l'efficacité énergétique.

Aziz Ameyoud a pour sa part défendu la politique de son secteur en annonçant la création d'une autre Algérie électrifiée d'ici 2017. L'Etat a tracé un objectif qui consiste à doubler carrément la capacité de production électrique avec 12.000 MW supplémentaires en 2017.