
Trois mois après sa fermeture officielle, la décharge d'El-Kerma continue
de susciter de vives inquiétudes parmi la population locale. Des individus
continuent de déverser illégalement leurs déchets alors que d'autres, en quête
d'objets récupérables, mettent le feu régulièrement au niveau du site. Selon un
membre de l'association El-Fajr qui active pour la protection de
l'environnement qui nous fait ce constat, la nécessité de lancer le projet de
l'éradication du site est prioritaire et ce, à l'heure où la commune commence à
changer de vocation notamment avec l'ouverture du marché de gros des fruits et
légumes en attendant la réalisation du marché à bestiaux, des abattoirs.
Pourtant, ce projet, dont le suivi est confié à la Direction de
l'environnement, paraissait il y a quelques mois en avance avec la
mobilisation, nous fait-on savoir, d'une enveloppe financière de 100 milliards
pour l'aménagement du site dans le cadre d'un projet qui englobe toute la
région de la sebkha. L'étude, pour rappel, a été confiée à un bureau d'études
tuniso-allemand. A El-Kerma, on appréhende que ce projet soit mis en veilleuse
alors que des experts français, qui sont venus pour faire un diagnostic de ce
site qui s'étale sur plus de 8 ha, avaient conclu que son aménagement ne peut
pas attendre étant donné que ces effets néfastes subsisteront tant qu'il
existera. Parallèlement à ce projet, l'association El-Fajr a déterré un ancien
plan d'aménagement de la sebkha d'Oran qui prenait en charge l'existence de la
décharge et de la STEP. A ce propos, les études effectuées quelques années
après la mise en service de cette dernière auraient conclu que celle-ci aurait
été érigée sur un site inapproprié. Et qu'il aurait été souhaitable de la
rapprocher beaucoup plus du périmètre à irriguer, à savoir la plaine de la
Mleta. De même, les rejets opérés dans la sebkha affectent la nappe phréatique
constituée par les eaux en provenance du mont Tessala. Considérant que si le
mal est fait, des solutions existent toujours et il ne s'agit que de relancer
ce vieux projet qui est toujours d'actualité. Sa matérialisation permettra de
donner une meilleure image aussi bien à El- Kerma qu'à sa sebkha, où l'on
pourra revoir un jour le retour des flamands roses. L'association El-Fajr fait
de ce projet son cheval de bataille et compte ainsi mettre les bouchées doubles
pour mieux sensibiliser les décideurs sur son importance.
Le projet s'articule autour d'abord de la réalisation d'une retenue
collinaire au bas de l'ex-douar Dahassa pour les besoins de l'irrigation des cultures
maraîchères et fruitières de la région ainsi qu'à alimenter et animer les
bassins écologiques ou biologiques artificiels qui seront réalisés en aval. Ces
espaces, entourés de ceinture verte, constitueront des poumons pour toute la
région. Tout autour de la sebkha, le projet prévoit plusieurs équipements de
détente à l'instar d'un parc zoologique, d'un parcours équestre, notamment. Il
est question également d'un complexe sportif, prévu sur le site naturel de
Moula El-Kherba ou bien sur les bas-fonds du douar Dahassa où naguère
existaient de beaux jardins.