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Crise syrienne : .Moscou se dit proche des Occidentaux

par Yazid Alilat

Moscou dit avoir une position proche des pays occidentaux quant à la gravité de la situation en Syrie. Lundi, la position de Moscou, jusque-là proche du régime en place à Damas, qu'elle a soutenu en bloquant les résolutions-sanctions de l'ONU, est de nouveau réitérée.

Le fait est que, dans un entretien au quotidien britannique à grand tirage «The Times», le Premier ministre russe Dmitri Medvedev affirme que les positions de la Russie, des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne (sur le Syrie) ne sont pas aussi éloignées qu'on le dit parfois. «Nous sommes tous sur la position que le pire serait une guerre civile en Syrie», a-t-il indiqué, avant de relever, pour la première fois dans la position de la Russie, qu'une possible solution à la crise syrienne soit envisagée sans Bachar Al Assad. «Je ne sais pas exactement quel sera l'équilibre politique à l'avenir, et quelle place y aurait Assad», a-t-il affirmé, ajoutant que «cela doit être décidé par le peuple syrien. Nos partenaires nous exhortent à soutenir des actions plus fermes. Mais la question est alors posée: où s'arrêtent les résolutions (des Nations unies) et où commence l'action militaire?» Le débat sur comment régler la crise syrienne avec comme enjeu le départ de Bachar al Assad et la fin du régime baâthiste, mobilise les pays Occidentaux, notamment la France qui devrait convoquer, dès le 1er août, une réunion d'urgence des ministres des Affaires étrangère du Conseil de sécurité de l'ONU. La France, qui prend la présidence du Conseil de sécurité de l'ONU en août, va demander d'ici la fin de la semaine une réunion d'urgence de cette instance, au niveau des ministres des Affaires étrangères, a annoncé lundi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. Il a affirmé que cette réunion sera convoquée dans l'urgence pour faire arrêter les massacres en Syrie. «Puisque la France prend la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies au 1er août, nous allons donc demander, avant la fin de cette semaine, la réunion du Conseil de sécurité, probablement au niveau ministériel, à la fois pour essayer d'arrêter les massacres et pour préparer la transition politique», a déclaré le ministre. Pour autant, il a réfuté toute idée d'un envoi d'armes aux rebelles syriens. «Il y a des armes qui leur sont livrées, d'après les informations qu'on a, à la fois par le Qatar, l'Arabie Saoudite et probablement d'autres (...). Mais pas nous», a-t-il indiqué.

Sur le front politique, l'Armée syrienne libre (ASL) de l'intérieur a appelé lundi, à la formation d'un conseil présidentiel de six personnalités politiques et militaires qui dirigerait la transition après la chute du régime du Président Bachar al-Assad. La veille, le Conseil national syrien (CNS) avait parlé d'un gouvernement de transition qui serait dirigé par des militants du front interne. L'ASL, qui a rejeté la création à l'étranger d'un «gouvernement de transition», insiste sur le fait que «tout gouvernement formé ici ou là n'aura aucune légitimité nationale et révolutionnaire s'il n'est pas approuvé par le commandement de l'ASL à l'intérieur et toutes les véritables forces révolutionnaires sur le terrain».

ALEP, VILLE MARTYRE ?

A Alep, les combats font rage entre les éléments de l'ALS et l'armée syrienne, épaulée par des hélicoptères et des chars. Plusieurs quartiers de la ville sont soumis à un pilonnage intense de l'armée syrienne qui veut en déloger les combattants de l'ALS. Lundi en milieu de journée, des communiqués contradictoires donnaient plusieurs versions sur la situation des combats.

L'armée syrienne a affirmé avoir repris lundi le contrôle d'une partie du principal bastion de l'opposition dans cette ville, aux multiples enjeux militaires et tactiques, car étant toute proche de la frontière avec la Turquie. Vite démentie d'ailleurs par le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi, chef du conseil militaire de l'ALS d'Alep, affirmant que les soldats n'avaient «pas avancé d'un seul mètre». En outre, les éléments de l'ALS ont annoncé avoir pris, lundi, un poste de contrôle stratégique qui leur permet désormais d'acheminer renforts et munitions à leurs frères d'armes à Alep.

Par ailleurs, selon l'agence officielle « Sana », l'armée syrienne a mis en échec des tentatives d'infiltration de «groupes terroristes armés» à partir de la Jordanie et du Liban». Ces combattants seraient venus à bicyclette du Liban voisin. D'autre part, le chef des observateurs de l'ONU en Syrie, le lieutenant Babacar Gaye, a affirmé lundi avoir vu «un pilonnage intense» et des dégâts dans les villes de Homs et de Rastane, dans le centre du pays. Selon le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Koffi Annan, la situation est préoccupante en Syrie où les départs massifs de populations, fuyant la guerre qui s'installe dans la durée, s'accélèrent. De son côté, le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil Al Arabi, a estimé que ce qui se passe «en Syrie et particulièrement à Alep ressemble à des crimes de guerre». Cité par l'agence de presse égyptienne «Mena», il a souligné que «ce qui se passe en Syrie ressemble à des crimes de guerre dont les auteurs doivent être traduits devant une cour de justice internationale».