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Présenté comme une
superproduction, un blockbuster à l'américaine, le feuilleton sur le deuxième
calife de l'islam, Omar Ibn al-Khatab, est au centre de toutes les polémiques
en Arabie Saoudite et en Egypte.
Une fatwa d'Al-Azhar, principale institution religieuse de l'islam sunnite, basée au Caire, affirme que les représentations figuratives des prophètes et de leurs compagnons étaient interdites. Un édit religieux similaire a été également émis par Dar al-Ifta en Arabie Saoudite (le Comité permanent des recherches scientifiques et de la délivrance des fatwas). Auparavant, le mufti d'Arabie Saoudite Cheikh Abdul Aziz bin Abdullah al Cheikh avait déclaré lors de la prière du vendredi que « ceux qui sont derrière le feuilleton ont commis une grave erreur et un crime en dépensant leur argent sur la production de cette série pour la télévision ». Cette levée de boucliers intervient après la diffusion des premiers épisodes de la série produite par la chaîne Middle East Broadcasting Center (MBC) qui coïncident avec le début du Ramadhan, un mois où l'audience est à son zénith mais aussi le marché publicitaire qui explose. Cette course consacrée à l'audimat pousse les networks arabes à multiplier les appels de pied en direction d'un monde de plus en plus ouvert à la consommation. Le tollé soulevé a été tel que la chaîne, à capitaux saoudiens, a dû faire face à de nombreuses critiques aussi bien d'instances religieuses que de téléspectateurs. Des milliers de personnes se sont exprimées sur les réseaux sociaux pour dénoncer la série télévisée et appeler à ce qu'elle soit retirée du petit écran et un membre de la famille royal régnante en Arabie Saoudite, le prince Abdul Aziz bin Fahd, fils du défunt roi Fahd bin Abdul Aziz, avait même promis de faire arrêter la diffusion du feuilleton. Il a menacé MBC d'un procès et appelé le Qatar, qui a cofinancé la production avec l'Arabie Saoudite, à se remettre à la volonté de Dieu, devant un parterre de journalistes saoudiens, quelques jours avant la diffusion du feuilleton. Pour sa défense, MBC, l'un des groupes de télévision les plus importants au Moyen-Orient, et à travers les producteurs de la série, affirme avoir reçu le soutien de plusieurs dignitaires religieux qui ont également examiné la véracité des faits historiques évoqués dans la série, notamment celui de l'influent théologien égyptien Youssef Al-Qaradaoui, réputé proche des monarchies du Golfe. Si la représentation figurée n'est pas explicitement interdite dans le Coran, les théologiens sunnites s'accordent sur le fait que la représentation des figures religieuses est interdite car susceptible selon eux de conduire à l'idolâtrie, une pratique strictement interdite. Pourtant, Sanaa Hashem, professeur à l'institut de cinéma du Caire, souligne qu'«en islam, il n'y a pas de sanctification. Représenter ces figures est en accord avec cela et favorise la discussion sur ces personnages, leurs rôles religieux et historique ainsi que le développement intellectuel». Le critique de cinéma égyptien Tarek al-Shennawi porte, lui, cette série sur le terrain politique et estime que sa diffusion «est le signe d'une défaite des institutions islamiques officielles comme Al-Azhar et Dar al-Ifta en Arabie Saoudite». «Omar Ibn al-Khatab» n'est cependant pas le premier à susciter une telle controverse puisque l´Egypte avait interdit la diffusion de «l´Emigré» de Youssef Chahine en 1994 (qui raconte la vie du prophète Youssef), en pleine montée de l´intégrisme religieux dans les pays arabes. Le tribunal des référés du Caire avait, à l´époque, été saisi suite à la plainte d'un avocat islamiste, affirmant que le film «personnifiait le prophète, enfreignant ainsi une fatwa officielle datant de 1983». Pour la petite histoire, Youssef Chahine, et devant le soutien de la communauté internationale, avait fait annuler la décision de justice du Caire. 750.000 spectateurs ont alors regardé le film en Egypte et le réalisateur de bénéficier d´un prix honorifique lors du 50e anniversaire du Festival de Cannes en 1997. Rappelons que la représentation d´un prophète est limitée à une caméra subjective, comme dans le film Errissala de Mustapha Akkad, où le prophète Mohamed et ses compagnons, Abou Bakr, Ali et Omar, n´apparaissent pas à l´écran. Une exigence d'Al Azhar pour délivrer son quitus. Au cours du Ramadhan 2010, alors que Ben Ali était toujours au pouvoir, la chaîne tunisienne Nessma TV avait diffusé le feuilleton iranien «Youssef» qui raconte l´histoire du prophète Youssef. La série Youssef Youzarsif, réalisée par Farajallah Salahshour, met en scène le prophète sous les traits du comédien Mosatafa Zamani. Le feuilleton malgré son audience a fait scandale dans les pays arabes. En Iran, la représentation physique en images, dessins ou photos d´un prophète n´est pas interdite par les autorités, et les portraits géants de l´Imam Ali et ses deux fils Hassen et El Hussein sont souvent exposés dans les manifestations religieuses chiites d´Al Achoura. En Algérie, le feuilleton TV avait monopolisé les débats bien avant sa diffusion sur le petit écran. Répondant à un journaliste qui avait fait remarquer à l'orateur qu'Al-Azhar a émis une fetwa contre le feuilleton parce que le calife est incarné par un acteur, Tewfik Khelladi, DG de la Télévision algérienne, dira que les «références religieuses algériennes» n'avaient pas émis d'objection à la diffusion de ce feuilleton religieux alors que même l'Algérie ne possède pas à proprement parler une institution de la fetwa. Le DG de l'ENTV révèlera que le feuilleton sera également diffusé dans plusieurs pays, dont l'Indonésie, le plus grand pays musulman du monde, ainsi qu'en Arabie Saoudite à travers MBC. Cette dernière qui a déclaré que les épisodes avaient été très coûteux et seraient télédiffusés dans la plupart des pays arabes et en Turquie ne semble pas céder aux pressions et continue de diffuser le feuilleton. En parallèle, elle a fait appel au très médiatique Amr Khaled pour présenter une nouvelle émission qui s'intitule «Omar Saniaa Hadara» qui traite la biographie du compagnon du prophète Omar Ibn al-Khattab. «Omar Ibn al-Khatab» est une superproduction historique qui raconte la vie de Omar Ibn al-Khatab. Selon ses créateurs, il s'agit de la plus grande production arabe, avec 30.000 acteurs et techniciens de 10 pays, ses 31 épisodes ayant été tournés en 300 jours. |
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