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Le prix de la viande rouge continue sa folle ascension faisant fi de
l'appel au boycott ou à l'importation massive de viande rouge congelée depuis
le Brésil, l'Inde et d'autres pays européens.
Une mercuriale «carnée» qui n'obéit plus à aucune logique du marché si ce n'est au profit immédiat et à l'enrichissement d'une classe d'intermédiaires, qui fait de la spéculation son seul baromètre des prix. L'Etat, impuissant à réguler un secteur pris en otage, n'a d'autres alternatives que d'essayer de «court-circuiter» le marché en l'inondant de tonnes de viande congelée à des prix concurrentiels. A 1.200 DA le kilo pour l'ovin et 1.300 le bovin, la viande est devenue un produit de luxe inaccessible pour la plupart des ménages algériens qui n'ont d'autres choix que de se tourner vers le marché du congelé. Ainsi, et dans sa tentative de répondre à la très forte demande enregistrée surtout pendant le Ramadhan, et atténuer un tant soit peu la flambée des prix de la viande fraîche, l'Algérie a importé plus de 35.000 tonnes de viande rouge congelée depuis janvier 2012. Kamel Chadi, président du directoire de la SGP-productions animales (PRODA), a indiqué à l'APS que depuis le début de cette année, les opérateurs publics et privés ont importé 35.000 tonnes de viande rouge congelée essentiellement bovine mise sur le marché, à travers 600 points de vente sur tout le territoire national, entre 450 et 550 DA/kg contre les 600 DA et plus chez les privés. Selon M. Chadi, la SGP-Proda, à travers sa filiale Frigomedit, a constitué d'importants stocks de viande rouge congelée pour répondre à la demande et réguler le marché, notamment pendant le mois de jeûne. Il ajoutera que sur les 380.000 tonnes de viande rouge que consomment les Algériens annuellement, 50.000 tonnes (congelée) sont importées notamment du Brésil, d'Inde et de pays européens. Interrogé par une revue économique avant le début du Ramadhan sur les raisons qui limitent ces opérations au seul mois du carême, il avait expliqué que l'objectif de la SGP-Proda est de travailler toute l'année et qu'elle est consciente que la régulation ne doit pas se faire que pendant le Ramadhan. Mais pour cela, selon lui, il est impératif de solutionner deux problèmes majeurs. «D'abord un problème de capacité en interne, car nous voulons moderniser nos complexes d'abattage pour qu'ils puissent avoir une capacité plus importante. Le deuxième élément est que le prix du poulet varie, mais quand le prix baisse, les Algériens préfèrent le frais», expliquera-t-il. Sur ce dernier point, il est utile de rappeler que cet opérateur public intervient depuis trois ans sur le marché des viandes blanches à travers un stock de poulet congelé qu'elle constitue en partenariat avec l'Office national des aliments de bétail (ONAB). Ainsi, 10.000 tonnes de poulet congelé ont été mis sur le marché durant ce mois avec des prix plafonnés à 260 DA/kg contre 300 à 350 le kg chez le privé. Vu l'inaccessibilité de la viande rouge, de plus en plus d'Algériens consomment davantage de viande blanche pendant le Ramadhan. La consommation a nettement augmenté ces dernières années, passant de 9 kg/an/habitant en 2009 à environ 17 kg actuellement pour le poulet, alors que pour la dinde, l'Algérien consomme en moyenne 9 kg/an contre 3 kg il y a trois ans. L'Algérie qui n'importe pas de viandes blanches doit faire face au souhait des aviculteurs d'augmenter ces stocks, réalisé grâce au surplus de production, pour approvisionner le marché durant toute l'année et pas seulement pendant le Ramadhan. La production nationale de viandes blanches devrait s'établir à 600.000 T en 2012 contre 500.000 T en 2011 et 450.000 T en 2010. Quant aux campagnes de boycott de la viande, elles sont devenues la dernière alternative pour les consommateurs pour interpeller les autorités sur la hausse des prix subie à chaque Ramadhan. Le 10 juillet dernier était lancée la seconde campagne de boycott de la viande de l'année, en raison de ses prix excessifs. Le mouvement aurait été suivi par 30% des consommateurs, d'après l'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur, qui espérait atteindre les 60%. Les présidents de plusieurs associations de consommateurs ont indiqué, lors d'une conférence de presse, qu'ils avaient interpellé les pouvoirs publics au sujet de cette hausse des prix récurrente. Du côté des professionnels, c'est l'Union générale des commerçants et artisans algériens, qui s'est manifestée, estimant que «les 70.000 tonnes de viande importées restent inférieures aux besoins du marché national». |
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