|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Après l'attentat
de mercredi qui a entraîné la mort de plusieurs hauts responsables de la
sécurité en Syrie, la confrontation armée se durcit. L'armée a mis le paquet
pour reprendre les choses en main à Damas, tandis que l'opposition a pris les
postes frontières avec la Turquie et l'Irak. A l'Onu, les Russes et les Chinois
ont opposé leur veto, à une résolution contre Damas. Washington annonce qu'elle
va agir en dehors du Conseil de sécurité.
Les évolutions politiques et militaires en Syrie s'accélèrent. Le régime, sur la défensive, a reçu un coup sérieux avec l'attentat de mercredi contre le bâtiment de la Sécurité nationale. Le bilan de l'attentat s'est aggravé avec la mort du chef des services de renseignement Hicham Bekhtiar. Il est ainsi le quatrième haut-responsable tué après le ministre de la Défense Daoud Radjha, le général Hassan Tourkmani et Assef Chawkat, le beau-frère du président Al-Assad dont l'enterrement a eu lieu vendredi. Le bilan de la journée du mercredi a été un des plus lourds, depuis le début de la crise avec au moins 214 personnes tuées, selon une source liée à l'opposition. L'opposition affirme avoir pris possession des postes frontières avec l'Irak et la Turquie. Chose confirmée par le vice-ministre irakien de l'Intérieur Adnan Al-Assadi qui a également indiqué que les rebelles ont «exécuté 22 soldats de l'armée syrienne devant les yeux de soldats irakiens». La priorité militaire pour le régime de Damas est de reprendre les choses en main à Damas. Le président Bachar Al-Assad a supervisé la prestation de serment du nouveau ministre de la Défense, le général Fahd Al-Freij dont le message a été sans équivoque. «Je n'ai guère de cœur et je ne supporte rien, a-t-il déclaré. Je n'ai pas davantage de morale et je n'ai aucune patience.» L'ARMEE «A NETTOYE» Un signe que pour le régime la «bataille de Damas» est une question de survie. Et apparemment cette reprise en mains est bien en cours, des responsables de la rébellion ont admis qu'ils effectuaient «un repli tactique» face à l'offensive menée par l'armée, pour reprendre les quartiers de Damas, investis par les rebelles. L'armée a «nettoyé», vendredi 20 juillet, le quartier de Midane, près du centre de Damas, après de violents combats, a indiqué la télévision d'Etat. «Nos valeureuses forces armées ont nettoyé totalement la région de Midane à Damas, des résidus des terroristes mercenaires et y a rétabli la sécurité», a indiqué la chaîne. Les forces régulières ont également repris le quartier de ?Jobar', dans l'est de Damas. Reprendre les choses en mains dans la capitale est un objectif aussi bien militaire que politique, l'attentat de mercredi ayant dévoilé une grande faille dans le dispositif de sécurité. L'arrivée des violences à Damas est très clairement un mauvais signe pour le régime. Pour de nombreux Syriens, c'est l'angoisse. Quelque 30.000 d'entre eux ont fui les combats pour se réfugier au Liban, selon le HCR, les autorités libanaises parlent de 11.000 réfugiés. Selon le HCR, le nombre de réfugiés syriens en Irak, en Jordanie, au Liban et en Turquie a presque triplé depuis avril pour atteindre 112 000. Au Conseil de sécurité, la Russie et la Chine ont opposé leur veto aux sanctions contraignantes contre le régime de Bachar al-Assad. Le représentant russe à l'Onu a estimé que la résolution vise à «ouvrir la voie à la pression de sanctions et ensuite à une implication militaire de l'extérieur dans les affaires intérieures de la Syrie». «Il ne fait aucun doute que l'avenir de la Syrie se fera sans Bachar al-Assad. Ses jours au pouvoir sont comptés. Soutenir ce régime, au moment où il touche à sa fin, représente une erreur», a indiqué un porte-parole de la Maison-Blanche. Susan Rice l'ambassadrice américaine aux Nations unies, a indiqué que Washington allait travailler «en dehors» du Conseil de sécurité. «Un signal tout à fait inquiétant» a estimé Moscou. PROPAGANDE AUTOUR DES ARMES CHIMIQUES En tout cas, un travail politico-médiatique autour du stock d'armes chimiques syrien commence à prendre forme. Le roi de Jordanie a été le premier - probablement sur commande US - à s'inquiéter de voir les armes chimiques tomber entre de «mauvaises mains». Des articles de presse font état de discussions entre Américains et Israéliens sur le sujet. Cette perspective d'une intervention, hors du cadre de l'Onu, devient persistante chez les Occidentaux. «Nous allons maintenant faire plus, en dehors du cadre du Conseil de sécurité et intensifier notre soutien à l'opposition et notre aide humanitaire, en dehors du travail fait par le Conseil de sécurité», a déclaré William Hague, le chef de la diplomatie britannique. La Russie, mise en cause, après le veto, a réagi avec vigueur. Les «tentatives de certains pays occidentaux de faire porter à la Russie la responsabilité de l'escalade de la violence en Syrie, en raison de son refus de soutenir une résolution sur la menace de sanctions contre le pouvoir syrien, sont absolument inacceptables», a dit Alexandre Loukachevitch, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. «Les déclarations de certains représentants de délégations occidentales (...) selon lesquelles les attentats terroristes à Damas confirment la nécessité de faire pression sur le régime, ont paru pour le moins cyniques ?. De la sorte, on justifie les actes des terroristes». Les Russes comme les Occidentaux devaient présenter, hier soir, des projets de résolutions rivaux sur le mandat de la mission des observateurs. |
|