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Alors que la veille du Ramadhan a drainé des milliers de personnes, hommes, femmes et enfants, vers le chef-lieu de wilaya pour y faire leurs emplettes traditionnelles, les gardes communaux qui n'avaient pas quitté les abords de la délégation de wilaya de Blida, ont décidé de reprendre leur marche vers la capitale, ce jeudi très tôt dans la matinée. Croyant au début qu'ils pourraient y arriver, ils ont été fort surpris de se retrouver face à un dispositif sécuritaire très important dès leur arrivée à Boufarik. La véritable marée humaine qui se dirigeait vers Alger a été obligée de stopper son avancée, le dispositif mis en place ne permettant aucun essai pour le dépasser. Les gardes communaux se sont donc arrêtés là, aux sons stridents des sirènes des ambulances de la protection civile qui évacuaient ceux qui se sentaient mal ou qui ne pouvaient plus tenir après les quatorze kilomètres de marche effectués à partir de Blida. La chaleur étouffante, le soleil de plomb, le manque de nourriture et d'eau, la fatigue et le stress ont eu raison de nombreux marcheurs qui tombaient soudainement, heureusement vite secourus par leurs camarades d'infortune, puis pris en charge par les agents de la protection civile qui les évacuaient vers l'hôpital de Boufarik. En début d'après-midi, le délégué national des gardes communaux, M. Aliouat Lahlou, joint par téléphone, a qualifié la situation de ses camarades et la sienne de véritable «catastrophe humanitaire». Il déclara : «Nous resterons là toute la nuit, nous ferons carême ici même, nous sommes décidés à tout pour obtenir gain de cause». Ailleurs, à travers les routes de la wilaya de Blida, les citoyens vivaient différemment la situation des gardes communaux en trouvant toutes les difficultés pour se déplacer. En effet, la voie rapide Blida - Alger étant complètement fermée, des milliers de véhicules de tous tonnages, étaient détournés vers la RN 4, la RN 1 et la RN 29, constituant des bouchons énormes à Mouzaia et Chiffa à l'ouest ainsi qu'à Soumaa, Boufarik et Bouinan à l'est. Les voyageurs qui voulaient se diriger vers l'est ou l'ouest de la wilaya se retrouvaient bloqués au niveau de l'agence Guessab où les bus, pris dans la circulation démentielle et inextricable, se faisaient très rares. Des dizaines de milliers de femmes, d'enfants, de vieillards et d'hommes attendaient un hypothétique bus pour se rendre chez eux, sous un soleil de plomb et une chaleur accablante, la gare routière Guessab étant dépourvue de tout abri. Dès qu'un bus s'arrêtait à un quai, il était pris d'assaut par une nuée de voyageurs, chacun voulant monter le premier. Finalement et devant l'impossibilité d'avancer, les gardes communaux ont décidé de libérer la route pour se porter sur le bas-côté, envahissant des champs de blé qui viennent d'être moissonnés, décidés à y rester le temps qu'il faut pour obtenir gain de cause. Auparavant, la protection civile de Boufarik avait procédé à l'évacuation de cinq gardes communaux qui présentaient soit des blessures légères soit en état de crise alors que l'un d'eux avait besoin de soins car étant diabétique. Leur représentant national, M. Aliouat Lahlou, a affirmé, que devant l'importance du dispositif mis en place par la Gendarmerie nationale : «J'ai compris le message et j'ai demandé à mes camarades d'éviter la confrontation car nous sommes toujours contre la violence, nous ne demandons que nos droits les plus élémentaires». Questionné sur la décision de reprendre la direction d'Alger après qu'ils ont été reçus par le ministre de l'Intérieur qui leur a donné des assurances quant à la prise en charge de leurs doléances, M. Lahlou a déclaré : «Malgré les déclarations à la presse, le ministre de l'Intérieur n'a rien fait pour nous, nous sommes toujours au point de départ, et c'est pour cela que nous demandons à voir le président de la République. Nous allons rester là durant tout le Ramadhan s'il le faut, mais nous n'allons pas reculer». Il rappela que près de 1.400 gardes communaux ont déposé les armes dernièrement à Boumerdès alors que leurs collègues de Blida ont subi des représailles pour avoir participé à la dernière marche, le salaire du mois en cours n'ayant pas été versé. Sur place, les gardes communaux se préparaient pour leur première nuit à la belle étoile, une première nuit qui a coïncidé avec la veille du 1er jour de Ramadhan. Pour ce faire, ils ont dressé quelques abris de fortune, réalisés avec des roseaux et branches d'arbres, juste pour se préserver du soleil, des moustiques et, peut-être de la fraîcheur de la nuit. Le bras de fer entre les gardes communaux et le ministère de l'Intérieur continue donc, avec pour toile de fond la chaleur, le Ramadhan, la répression et une situation inextricable qui risque de dégénérer si une solution rapide n'est pas trouvée. |
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