Comme il est de tradition, chaque année, les ménagères se préparent à
l'avance pour accueillir le mois de Ramadhan. Et on ne parle que des achats, de
ses plats, de ses veillées. Le marché de M'dina J'dida, envahi quotidiennement
par les consommateurs, connaît une plus grande affluence, une ruée depuis
quelque temps déjà sur les produits, dans les magasins et ceux étalés à même le
sol par les vendeurs à la sauvette qui offriraient des prix meilleurs, selon
certains. Tout est raflé par les acheteurs malgré la baisse du pouvoir d'achat.
L'artère jouxtant le marché de M'dina J'dida au boulevard Mascara enregistre,
elle aussi, depuis plusieurs jours, une affluence remarquable pour l'achat
d'épices comme «ras el hanout», ingrédient incontournable dans la préparation
de la «h'rira». Les magasins sont pris d'assaut par les Oranais et les
visiteurs de la capitale de l'ouest, notamment les émigrés, pour faire leurs
emplettes des épices. Ces produits sont proposés en grande quantité par des
exposants venus de partout. «Les ménagères sont revenues aux plats du terroir
fortement épicés. Elles veulent chacune une préparation spéciale», affirme un
commerçant qui avoue que les prix ont augmenté à cause de la hausse des cours à
l'achat de ces produits généralement importés d'Afrique et d'Asie. Notre
interlocuteur a toutefois souligné que les préparatifs de ce mois n'ont pas le
même «goût» que les années précédentes. «Avec la baisse du pouvoir d'achat, les
ménagères ne se bousculent plus comme avant». La tournée pour faire les
emplettes du Ramadhan ne peut pas être complète sans un passage vers les
magasins spécialisés dans la vente des fruits secs. Les commerces dédiés à
cette activité dans les marchés populaires se sont préparés à l'événement
depuis plusieurs semaines. Là aussi, les prix ont connu une légère
augmentation, comme le pruneau sec qui est cédé à 500 dinars le kg, le raisin
sec proposé à 450 dinars le kg. Au marché de M'dina J'dida où les prix sont jugés
un peu plus abordables, les ménagères se faufilent entre les étals pour choisir
les meilleurs ingrédients. A quelques jours du Ramadhan, la crainte de voir
encore une fois les prix flamber est déjà perceptible chez les consommateurs.
Une situation qui a poussé nombre de familles à faire leurs emplettes bien
avant le jour J.
Les commerçants, pour leur part, se frottent les mains puisque la panique
des uns fait le bonheur des autres. Et ils semblent soigner leurs chiffres
d'affaires puisque ces derniers jours, les marchés ne désemplissent pas du
matin jusqu'aux heures de fermeture. Aux abords de certains marchés, on observe
des embouteillages et une quasi-paralysie de la circulation, comme c'est le cas
au marché de M'dina J'dida et celui de Maraval. D'autre part, la foire, ouverte
il y a quelques jours, et qui va durer jusqu'au 19 juillet au palais des
expositions de l'EMEC, continue de faire le plein de visiteurs venus d'Oran et
des quatre coins de la région. «Une bonne initiative», selon certaines ménagères
pour qui le Ramadhan nécessite de faire des provisions particulières. Et cette
ruée vers les magasins spécialisés dans le commerce d'épices et de fruits secs
se fait en même temps que les traditionnels achats de vaisselle à l'occasion du
mois sacré. Des plats en verre et en porcelaine, des cafetières, des marmites,
des cocottes-minute, des cuillères, des fourchettes, des tasses à café font
l'objet d'une vente promotionnelle à l'occasion du Ramadhan.