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Visite de Hollande et dossiers en suspens : Laurent Fabius, demain à Alger

par Moncef Wafi

Comme annoncé précédemment par Bernard Valero, porte-parole des Affaires étrangères françaises, lors d'un point de presse, Laurent Fabius, ministre des AE, sera à Alger les 15 et 16 juillet prochains.

A cette occasion, il donnera une conférence de presse le lundi 16 juillet. La date a été arrêtée d'un commun accord entre les deux diplomaties et en plus des dossiers « classiques » à débattre, il sera certainement question de la préparation de la visite présidentielle de François Hollande qu'on annonce avant la fin de cette année.

Ce dernier, lui-même, l'avait laissé entendre dans son message circonstanciel pour le cinquantenaire de l'Indépendance de l'Algérie, lorsqu'il avait déclaré, à propos du renforcement des axes de coopération économique entre les deux pays, qu'il aura bientôt l'occasion de traiter ces sujets de vive voix avec son homologue Abdelaziz Bouteflika.

Cette volonté toute socialiste d'œuvrer dans l'éclaircie des relations bilatérales trouve sa source dans la vision « amicale » de François Hollande qu'il a de l'Algérie. Celui qui a de tout temps déclaré ses bonnes intentions envers Alger avait déjà, entre les deux tours, envoyé sa garde rapprochée prendre la température des décideurs algériens. Ainsi, une délégation du Parti socialiste français, menée par son porte-parole Benoît Hamon, et la députée et ancienne ministre, Elisabeth Guigou, s'était rendue à Alger pour rencontrer les électeurs français.

A cette occasion, Mme Guigou avait été reçue par le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci, expliquant que l'entretien avait porté sur les relations franco-algériennes qu'elle souhaite redéfinir et renforcer. «La colonisation, nous la condamnons», dit-elle en référence à l'amendement voté en 2005 par l'Assemblée nationale française et auquel le PS s'était opposé. Le texte a ensuite été radié par décret du président Jacques Chirac. Pour l'ancienne ministre de la Justice, «la France s'inspire de ce qu'a fait l'Allemagne avec les pays de l'Est, dans la coopération économique, c'est-à-dire concevoir un co-développement à une échelle plus large que ses propres frontières».

Pour ce qui est des mouvements migratoires, la responsable socialiste pense que «ce n'est pas en créant des lignes Maginot en Europe, une forteresse, que nous résoudrons le problème. Pour y arriver, il faut un co-développement pour permettre aux personnes de trouver du travail chez elles, en Algérie et plus généralement chez elles en Afrique». La délégation du Parti socialiste a aussi rencontré des opérateurs français, franco-algériens et algériens. Ce tour de table sera certainement, à ne pas douter, celui qu'aura Laurent Fabuis à débattre avec Mourad Medelci. Le ministère algérien des Affaires étrangères a indiqué, dans un communiqué, que cette visite sera l'occasion aux deux parties de faire le point sur l'état d'avancement des différents dossiers constitutifs de la relation bilatérale et de procéder à un échange de vues et d'analyses sur un certain nombre de thèmes de l'actualité régionale et internationale, notamment le processus de relance de la construction maghrébine, la situation au Sahel, les développements dans l'espace euro-méditerranéen. Les dossiers économiques avant tout, en évitant au maximum les dossiers qui fâchent ou qui peuvent prêter à polémique. Et ils sont nombreux dans ce cas-là avec la condamnation officielle de la colonisation française.

Le dernier message de M. Hollande ne laissait pas place à l'équivoque puisqu'à aucun moment son message ne fait allusion à un quelconque repentir ou à des excuses officielles réclamées par une grande majorité d'Algériens. Il s'est contenté de rappeler ses «fondamentaux », en ce qui concerne sa vision des relations avec l'ancienne colonie de la France, et qui tiennent en quelques mots : histoire commune, amitié, partenariat et avenir. A propos de partenariat, le président français dit souhaiter une coopération accrue dans l'Enseignement supérieur, la Recherche scientifique et un renforcement des échanges économiques. Par ailleurs, de nombreux dossiers, qualifiés de sensibles, affectent encore les relations entre Alger et Paris. Les archives détenues par la France, l'affaire des moines de Tibhirine ainsi que l'inscription de l'Algérie sur la liste des pays à risques dans le transport aérien sont parmi le lot. Pourtant, d'autres dossiers seront à l'honneur avec par exemple le prochain lancement de l'usine Renault en Algérie ou la situation au nord du Mali, avec la position française qui encourage à une intervention militaire dans la région.