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Un pic de production de poisson bleu a été enregistré jeudi à Oran, a
indiqué le directeur de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya
d'Oran, Mohamed Bengrina. «Une prise totale de 50 tonnes de petits pélagiques a
été réalisée, soit un record pour cette année», a précisé le même responsable.
Toutefois, malgré la forte disponibilité du produit dans les halles à marée et
la baisse des cours qu'elle a induite aux enchères, l'effet sur les prix au
détail est resté peu perceptible en fin de semaine, en ce sens que le kilo de
sardine -le produit référence- n'est pas descendu, comme il fallait s'y
attendre logiquement, au-dessous de sa fourchette d'avant : 200-250 DA. Ce qui
a inspiré à ce vieux mareyeur, abordé à l'entrée de la pêcherie d'Oran, un jeu
de mots : «Ce pic (de production) aurait dû tomber à pic pour adoucir les prix
à une poignée de jours de Ramadhan, mais le marché de poisson a ses raisons que
la raison ne connaît pas».
«Nous avons enregistré 50 tonnes de poisson bleu aux quais de débarquement. C'est une belle capture; c'est, en tout cas, assez pour la demande locale. Mais cette formidable quantité était-elle perceptible dans nos marchés urbains ? Chez nous, le marché de poisson renvoie fatalement à cette image de la chose qui manque toujours, dont il n'y a pas assez pour tout le monde. Aux prix hors de portée et à l'ambulant aussi, quelques casiers à moitié remplis, dans un coin du marché, sur le trottoir, dans une charrette? Il est temps de mettre en place un marché de gros et un réseau de distribution», remarque le responsable local du secteur de la pêche. Par espèce, la production réalisée jeudi se composait, notamment, de 15 tonnes de sardine et de quantités presque égales de bogue et sorel, plus d'autres variétés comme l'allache, l'anchois et le maquereau. Cette récolte abondante a entraîné une nette baisse des cours aux marchés à la criée d'Oran et d'Arzew, où la sardine a été cédée dans une fourchette de 60 à 120 DA le kilo, en gros, selon le calibre et l'heure de vente, soit un prix moyen de 90 DA le kilo. La bogue, quant à elle, ce poisson beaucoup moins désiré que la sardine et qui vit en bancs sur les petits fonds côtiers en saison chaude et plus profond, jusqu'à une centaine de mètres, en automne et en hiver, a fait en moyenne 90 DA le kilo aux halles à marée. L'allache a été vendue jusqu'à 47 DA le kilo en gros, les anchois à 250 DA. Mais entre les halles centrales à poisson et les étals, les prix se sont envolés et ont plus que doublé pour certaines espèces, dont la sardine qui faisait entre 200 et 250 DA dans les marchés de détail. Et là, c'est une preuve de plus, on ne peut plus clair, que le dernier maillon de la chaîne, les marchands du détail en l'occurrence, est sinon l'un des principaux facteurs de la cherté excessive des produits de mer, une cherté qui tire sa matière première de la spéculation et de la surenchère, elles-mêmes le fait d'une absence d'un circuit de commerce réglementaire pour le poisson. C'est d'ailleurs sur la base de ce constat que le premier responsable du secteur de la pêche de la wilaya d'Oran a suggéré aux instances concernées la réalisation d'une poissonnerie dans le complexe des produits frais d'El-Kerma, lequel chantier est actuellement en bonne voie. S'étendant sur une assiette de près de 4.000 m², le lot du complexe des produits frais, le plus en retrait par rapport à la route, le futur marché de gros de poisson et fruits de mer prévoit des pavillons pour la vente du poisson de mer frais, d'autres pour le poisson d'aquaculture provenant de viviers de pisciculture implantés sur place, des présentoirs de congelé, notamment, d'après le plan de masse réalisé par le bureau d'architecture. Des services annexes, comme des chambres froides, une petite fabrique de glace, une unité d'emballage et une petite conserverie de poissons, sont également projetés. Pour M. Bengrina, «les performances que la wilaya d'Oran enregistre, depuis deux mois, dans la production des poissons bleus sont le fruit des mesures entreprises pour organiser la pêche dans la wilaya, ainsi que le respect de la période du repos biologique qui s'étale du 1er mai au 31 août». Il y a quelques semaines, le kilo de sardine a atteint les 500 dinars, voire 550 dinars dans certains marchés. Cette situation trouvait son interprétation, de l'avis des experts, dans la faiblesse de l'offre. A cela s'ajoutait aussi un fait climatique important qui ne favorisait pas la disponibilité: il s'agissait de la vague de froid. La sardine et le poisson bleu en général suivent les courants chauds. Le mauvais temps n´explique pas à lui seul cette envolée des prix. D´autres facteurs sont à prendre en compte, notamment le circuit de distribution et la mauvaise volonté des pêcheurs locaux à s´aventurer au large. L'autre problème cité en relation directe avec la rareté de la sardine sur les marchés oranais concerne l'inconscience et l'implacable avidité de certains pêcheurs qui ne reculent devant rien pour lui arracher plus qu'elle ne peut donner. Elle va de l'infraction à la réglementation, à savoir la pêche en dehors de la saison ou de la zone autorisée, à l'utilisation d'engins de pêche destructeurs (filets à cordes, filets à double poche et dynamite). Ces pratiques interdites détruisent les récifs de coraux et les herbiers sous-marins qui constituent des espaces où vivent et se reproduisent les différentes variétés de poissons. |
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