Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Algérie : des projets de recherche à l'USTO au service de la sécurité routière

par Yahia Benaïssa

Des travaux de recherche scientifique dans les universités algériennes offrent des réponses concrètes à des besoins réels comme la sécurité routière et la gestion de la circulation.

Des résultats qui n'attendent qu'à être pris en charge et traduits dans des modèles économiques, avant de nous revenir, un jour, sous forme de biens et services importés.

Ci-après, une présentation de deux projets innovants présentés à l'USTO d'Oran.

Deux projets de recherche prometteurs dans le domaine de la sécurité routière en Algérie ont été présentés à l'Université des sciences et de la technologie d'Oran (USTO). Il s'agit du « Système de détection de la somnolence au volant » et du « Système de visualisation et de gestion du flux automobile ». Fruit d'une année de recherche au sein du laboratoire « Signaux et images » du département électronique, de la faculté de Génie électrique de l'USTO. L'un des deux projets a été sélectionné pour prendre part à l'exposition des produits de la recherche qui se déroule du 07 au 20 juillet 2012 à la SAFEX d'Alger. Pour le directeur de recherche des deux projets, Belal Alshaqaqi, un expatrié palestinien, « outre les solutions qu'apportent déjà les premiers résultats de recherche aux différentes problématiques relatives à la circulation automobile, les deux systèmes mis au point offrent une forte prédisposition à s'enrichir dans le temps de nouvelles fonctionnalités pour répondre aux besoins qu'imposeraient l'évolution du parc automobile et sa gestion dans l'espace ».

Les deux projets sont l'œuvre de deux équipes de chercheurs, composées de deux binômes : Baquhaizel Abdullah Salem et Ouis Mohamed El Amine pour la première et Bekhti Mohamed et Rahli Mehdi pour la seconde. Le projet relatif au « Système de détection de la somnolence du conducteur basé sur la vision » concerne la mise au point d'un système capable de détecter la somnolence et la fatigue chez les conducteurs automobiles. « C'est un système non intrusif. En d'autres termes, il n'influe nullement sur le comportement du conducteur ni sur ses aptitudes de concentration pendant qu'il conduit son véhicule. Et ceci parce que toutes les tâches réalisés par le système sont effectuées grâce à une petite caméra installée à l'intérieur du véhicule », explique M. Alshaqaqi. Le système vérifie d'abord la « présence ou pas du conducteur », et s'il est autorisé ou pas à conduire le véhicule. « Si un enfant est installé par exemple sur le siège du conducteur, le système n'autorise pas la mise en marche du véhicule », explique le directeur de recherche. Aussi, la décision de mise en marche du véhicule ne pourrait être ordonnée que si le conducteur est dans la bonne position afin d'assurer un démarrage sécurisé. « Le système est capable également de détecter si le conducteur est distrait (inattention). Il est également doté de moyens lui permettant de détecter des comportements dangereux du conducteur et tout mouvement qui pourrait influencer négativement sur la performance de conduite », ajoute notre interlocuteur. Les résultats expérimentaux ont donné lieu à trois configurations : la première où le conducteur est normal, la seconde où le conducteur est fatigué (situation à risque) et la troisième où le conducteur est somnolent (situation de danger). Grâce à des prises de vues permanentes sur les yeux du conducteur, il est possible de capter et d'interpréter tout mouvement des yeux. Le système est capable de faire la distinction entre un simple clignement des yeux et un alourdissement des paupières sous l'effet de la fatigue et de la somnolence.

Une "précieuse innovation pour l'industrie automobile algérienne" naissante

Le système prend également en charge les mouvements de la bouche et peut détecter et interpréter un bâillement qui pourrait être synonyme de fatigue. « Tout signe de fatigue ou de somnolence est dès lors détecté et communiqué au conducteur grâce à une alarme sonore ». Ce système pourrait constituer, selon Alshaqaqi, « une précieuse innovation pour l'industrie automobile algérienne qui est sur le point de voir le jour ». Le deuxième projet du laboratoire « Signaux et images » porte sur un « Système visualisation et de gestion du flux automobile ». Comme dans le premier projet, ce système est également basé sur l'utilisation de l'imagerie grâce à des caméras installées sur la voie publique dans des endroits stratégiques. La première étape du travail de l'équipe a consisté à calculer le nombre de véhicules se trouvant dans un point donné. Le but étant, dans un premier temps, de disposer de données fiables afin de réduire le flux automobile et prévenir la constitution de bouchons, mais aussi de partager ces informations avec les usagers de la route, notamment à travers Internet. Tout le système est géré dans une salle de contrôle où un serveur http local sécurisé reçoit les données avant de les traiter. Le système est non seulement capable de définir le nombre de véhicules se trouvant dans un point donné de la ville mais aussi d'en apprécier la vitesse (en détectant tout cas d'excès de vitesse) en prenant en compte tous les paramètres extérieurs tels que la vitesse du vent, l'état de la chaussée (glissante à cause de la pluie?). Grâce à des technologies comme celles qu'offre le GPRS, le système est même capable de prévenir l'automobiliste en cas d'excès de vitesse. C'est beaucoup mieux qu'un radar car, c'est selon l'usage que l'on voudrait du système, il peut être à la fois préventif ou, le cas échéant, répressif. Dans un deuxième niveau, le système pourrait même se baser sur des panneaux de signalisation intelligents dont les indications pourraient être adaptées continuellement selon la situation ponctuelle du flux automobile, selon les explications des chercheurs engagés dans ce projet. « Si l'on arrive à franchir cette étape, on serait parmi les premiers au monde », affirme M. Alshaqaqi.