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Ni réduction du budget de fonctionnement (salaires, soutien aux prix et transferts sociaux), ni remise en cause des dépenses d'équipements qui génèrent la croissance. Ceux qui pensent que c'est l'un ou l'autre se trompent, estime le ministre des Finances, Karim Djoudi. Le recul des prix du pétrole n'affecte pas les équilibres budgétaires, mais on doit se préparer à une éventuelle tendance durable à la baisse. Le ministre des finances préfère parler de la nécessité de «limiter et de plafonner» les dépenses de fonctionnement. Sans surprise, la «dépense salariale, les transferts sociaux et les soutiens des prix ne seront pas touchés». Cependant, estime-t-il, ces dépenses vont être ramenées à un «niveau plus acceptable» avec la fin des opérations de versement des rappels liés aux régimes indemnitaires et statuts particuliers (de la Fonction publique). Pas de touche également au soutien direct des prix du lait, des blés, de l'huile et du sucre ou à l'assainissement des entreprises de production d'électricité. Finalement, à la lecture des propos de Karim Djoudi, on croirait presque que la Banque d'Algérie a fait preuve d'un alarmisme excessif en mettant en garde contre la croissance des dépenses publiques ( fonctionnement notamment), en relevant qu'il faudra un baril à 110 dollars pour préserver l'équilibre budgétaire. Le ministre de l'énergie, Youcef Yousfi y avait apporté sa contribution en estimant à 20 milliards de dollars, le manque à gagner du fait de la chute des prix du pétrole. Karim Djoudi a tenté de se livrer à un exercice subtil de rassurer sans désapprouver ces projections alarmistes. INQUIETANTE SANS ETRE MENAÇANTE «ACTUELLEMENT» Ainsi la baisse des prix du pétrole est jugée inquiétante, mais elle ne menace pas «actuellement» les équilibres budgétaires. Les dépenses «effectives» de l'Etat se basent sur un baril à 75 dollars seulement. Or, outre que les cours dépassent toujours ce seuil malgré la baisse enregistrée ces derniers mois. Le Brent valait en effet vendredi 98,37 dollars, ce qui reste toujours appréciable au regard du prix de référence de 75 dollars même s'il s'échangeait en avril dernier à 120 dollars. "La tendance baissière du prix de pétrole nous inquiète et nous impose d'être prudents, mais nous ne devrons pas perdre de vue deux éléments importants: nos dépenses effectives constatées en fin de l'exercice sont basées sur un baril à 75 dollars et nos capacités de financement, cumulées grâce au FRR, aux réserves de change et au remboursement de la dette, sont considérables" a déclaré Djoudi en relevant aussi l'apport de la fiscalité ordinaire qui connait une croissance annuelle de 20%. Le message est clair : il n'y a pas le feu et nous gérons avec prudence pour faire face à une éventuelle dégradation drastique des cours pétroliers. La gestion prudente consiste à «anticiper des phénomènes susceptibles de gêner nos équilibres internes et externes». LES DEPENSES D'EQUIPEMENTS PAS AFFECTEES La situation ne dicte pas non plus à l'Algérie de renoncer aux dépenses d'investissements. Les dépenses d'équipement génèrent en fait de la croissance, de l'emploi et des revenus, et "toute action sur ces dépenses, forcément lourde sur le plan économique, ne peut résulter que d'une constatation confirmée dans le temps". Or, l'Algérie n'est pas, pour l'heure, dans cette situation. La baisse de prix du pétrole ne met pas en «difficulté nos équilibres internes et externes pour le moment? Aujourd'hui, vous avez de la croissance économique et de l'emploi grâce à ces dépenses, si nous avions attendu que la croissance soit générée par le secteur privé, on aurait jamais eu le nombre d'entreprises qui sont créées, ni le nombre d'emplois, ni de revenus distribués" a-t-il indiqué en soulignant que la «dépense publique a été un moteur de croissance pour l'Algérie". En tout état de cause, les dépenses d'équipements ne seront pas réduites sur le moyen terme car 83% des dépenses inscrites dans le cadre du plan quinquennal d'investissement (2010-2014) sont déjà notifiées. En clair, une poursuite à la baisse des prix du pétrole n'affecte pas les dépenses déjà inscrites dans le plan quinquennal (2010- 2014). Karim Djoudi a estimé que le FRR (71 milliards de dollars à fin 2011) et les réserves de change (200 milliards de dollars), constituaient des "éléments d'ajustement qu'on peut utiliser en dernière instance". Les réserves de change, représentant la masse de devises entrées en Algérie et transformées en dinars, sont la propriété de l'Etat et aussi de la communauté nationale, a précisé M. Djoudi. |
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