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Sidérurgie : Les Qataris mettent sur rail le complexe de Bellara

par Yazid Alilat

L'accord pour le projet algéro-qatari de réalisation d'un complexe sidérurgique dans la zone franche de Bellara, à Jijel, sera paraphé aujourd'hui à Alger, à peu près dix mois après son annonce par le ministre de l'Industrie, M. Mohamed Benmeradi.

Conclu sur la base du ?'51/49%'' qui régit depuis 2009 les investissements étrangers en Algérie, le mémorandum qui sera signé entre M. Benmeradi et le ministre qatari de l'Economie et des Finances M. Youcef Hussein Kamel, donnera le coup d'envoi de la phase technique de ce projet qui devrait à terme produire 5 millions de tonnes d'acier par an. C'est en octobre dernier que M. Benmeradi avait annoncé la réalisation de ce complexe sidérurgique d'une capacité de production de 5 millions de tonnes d'acier par an. Objectif : réduire la facture des importations de produits sidérurgiques dont le poids sur la facture des importations algériennes est de 20%, soit 10 milliards de dollars par an. Avec un énorme plan de charge, notamment les projets hydrauliques (barrages, etc.) et l'habitat, l'économie algérienne a besoin de produits sidérurgiques, au moins autant que les matériaux de construction comme le ciment. Le complexe Arcelor Mittal de Annaba ne suffit plus et pour conjurer la fatalité des importations de produits sidérurgiques, le choix a donc été fait de construire une grande usine de production à Bellara, qui présente l'avantage de son terminal portuaire. Le projet du complexe devrait entrer en service à partir de 2016 avec une moyenne de 4,8 millions de tonnes métriques par an. Dans une première étape, il produira 2,5 millions de tonnes d'acier long, une production appelée à augmenter à 4,8 millions de tonnes dans une deuxième étape avec la production des aciers plats et spéciaux.

Le partenaire algérien dans ce projet est le groupe Sider, selon des sources au ministère de l'Industrie. Sider devrait détenir les 51% des actions avec le Fonds national des investissements (FNI), alors que pour les 49% dévolus au partenaire qatari, ils seront partagés équitablement entre Qatar Mining et Industries Qatar, dont l'association donnera naissance à une nouvelle société (New Co). L'étude de faisabilité du projet a été quant à elle confiée par le Qatar au cabinet anglais Atkins et dont les conclusions seront remises avant août 2012. Autant dire que le projet est vraiment sur les rails, et que le mémorandum d'entente qui sera signé aujourd'hui officialisera ce projet dont le montant serait d'environ 411 millions de dollars. Plus concrètement, c'est en février 2012, après une visite sur site de responsables qataris à Bellara où ils se sont enquis de la nature des installations à Bellara (eau, gaz, électricité, port, desserte ferroviaire) que ?'Qatar Industries'' a annoncé son intention d'investir 1,5 milliard de rials qataris (411 millions de dollars) pour la réalisation d'un complexe sidérurgique dans la région de Bellara. Le ministre de l'Energie et de l'Industrie qatari, Mohamed Ben Salah Essada, préside le conseil d'administration de cette entreprise, alors que la part des Industries du Qatar dans le projet était de plus de 24%. Côté algérien, un investisseur privé pourrait vraisemblablement entrer dans le capital social de cet joint-venture, dénommé Qatar Steel International, avec 5% des parts que détiendrait dans un premier moment le FNI dont le rôle est d'accompagner seulement le projet. La production actuelle de produits sidérurgiques de l'Algérie est de moins de 1,5 million de tonnes, alors que la consommation annuelle tourne autour de 5 millions de tonnes. Une charge énorme pour le complexe d'El Hadjar du géant mondial de l'acier, l' Indien Mittal. Mais beaucoup plus pour la facture des importations algériennes, grevée par l'énorme demande nationale en produits sidérurgiques à un moment de forte tension sur les matériaux de construction : ciment notamment. La réalisation du complexe algéro-qatari de Bellara, au-delà du fait qu'il va démentir ceux qui ont prédit une rapide fin aux investissements des pays du Golfe en Algérie, devrait également générer des milliers d'emplois directs et indirects pour la région de Bellara, et accélérer la croissance économique de cette région de la wilaya de Jijel.