« Le pain ordinaire ou la fameuse baguette,
risque de manquer terriblement, au cours du mois de Ramadhan prochain, car les
ouvriers ont pris leur congé annuel pour passer le mois de carême en famille et
ne reprendront le travail que probablement une semaine avant l'Aïd». C'est ce
que nous a affirmé, jeudi, M. Bougarne, président du bureau de la wilaya de
Constantine, de la fédération des boulangers-pâtissiers.
Ces départs impromptus des ouvriers, dans
l'anarchie et sans aucune programmation, affirme le syndicaliste, ont eu déjà
pour résultat de contraindre plus de la moitié des boulangers de la wilaya à
prendre des «congés forcés». Et toujours selon notre interlocuteur, sur les 93
boulangers qui activent dans la wilaya, en possession d'un registre de
commerce, seuls 40 continuent, vaille que vaille, à préparer du pain. Et
d'expliquer qu'une majorité d'entre eux, c'est à dire 53 ont baissé rideau et
fermé boutique, car ne pouvant suppléer aux départs de leurs ouvriers pour
poursuivre la production de pain. «Ceux qui persistent à ne pas mettre la clé
sous le paillasson, sont obligés de recourir à des subterfuges et bricolages et
surtout à l'implication directe du patron et de toute sa famille, à savoir les
enfants mais aussi l'épouse, dans le travail. Et ce n'est qu'à ce prix,
soulignera-t-il, que les concernés résistent afin de s'assurer des revenus,
même limités». D'ailleurs, dira-t-il, la plupart d'entre eux, qui préparaient
en pain, l'équivalent de 300 kg de farine par jour, ne font plus que pour 100
kg. Situation qui laisse prévoir que pendant le mois de Ramadhan, la
préparation de la baguette de pain ordinaire sera réduite de pas moins de 90%,
estimera-t-il. Et d'ajouter que la raison est assez simple, le mois de carême
se distingue par une forte demande de pain dit «amélioré», de même que
traditionnellement la tendance générale est à la fabrication de ce genre de
pain. Et comme, en outre, la fabrication du pain amélioré constitue l'un des
subterfuges auxquels ont recours les gens de la corporation pour faire face aux
insupportables problèmes qui la minent, dont la fixation du prix de la baguette
à un niveau très bas et non rentable, il n'est pas à écarter qu'il y aura plus
de pain amélioré, car vendu plus cher, et beaucoup moins de baguettes dont le
prix est fixé, depuis 15 ans, et n'a pas bougé. Alors que la quinzaine de
produits entrant dans la fabrication du pain, a vu leur prix augmenté et pour
certains multiplié par 2, 3, 4 et plus encore.