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La destruction des mausolées maraboutiques à
Tombouctou par des éléments du groupe Ançar Eddine, allié au Mujao et à Aqmi,
présent dans la région, suscite un émoi médiatique compréhensible sur la
situation au Sahel. L'indignation générale suscitée par les destructions a
remis sur le tapis, avec plus d'insistance, l'idée d'une intervention militaire
pour éliminer la subversion islamiste au Nord-Mali. C'est, dans les conditions
actuelles, une fausse bonne idée même si Ançar Eddine semble vouloir la
provoquer en jouant sur les opinions publiques. Et, bien entendu, quand on ne
tourne pas autour du sujet, c'est l'armée algérienne qui est sollicitée par des
responsables africains et nombre de médias européens, français en premier, pour
aller faire le ménage dans l'Azawad.
Les actions terroristes du Mujao, qui cible spécifiquement l'Algérie, ressemblent à s'y méprendre à des provocations en bonne et due forme pour un casus belli. A la différence de leur aventure en Libye et de leur apparente unité sur la Syrie, les Occidentaux ne sont pas sur la même longueur d'onde sur le Sahel. Les Français et les Anglais sont pour une intervention militaire de la CEDEAO à laquelle ils apporteraient leur appui matériel mais les Américains estiment que la priorité est à la stabilisation de l'Etat malien. Pour Washington, une force africaine devrait avant tout aider à remettre de l'ordre à Bamako et reconstruire des institutions effondrées. De manière factuelle, un responsable américain a indiqué que dans sa débandade, l'armée malienne y a laissé la moitié de son équipement. Il ne faut pas chercher où se trouve cet équipement aujourd'hui. Cela situe sur le fond du problème. La « reconquête du Nord-Mali » ne peut être le fait que de l'armée et de l'administration du Mali, même si un soutien multiforme doit être apporté par les voisins et les amis de ce pays. Une force armée étrangère ne peut remplacer les institutions maliennes. Curieusement, dans des milieux pourtant informés, on semble confondre une intervention armée en territoire étranger avec une descente de police dans une arrière-cour mal famée. Tant de pressions et d'insistance pour que l'armée algérienne sorte de ses frontières et s'engage dans un conflit sans visibilité suscite une suspicion légitime. Comme s'il s'agissait de fourvoyer l'Algérie dans une inutile mais épuisante impasse politico-militaire dans les sables du Nord-Mali ! Quels seraient les coûts logistiques et la durée d'une opération militaire dans laquelle on souhaite impliquer avec insistance l'Algérie ? Ceux qui regrettent leur implication en Afghanistan et qui n'ont de cesse d'en sortir en limitant les dégâts sont en tout cas mal placés pour jouer les va-t-en-guerre dans une région qu'ils connaissent bien. Certains experts font l'hypothèse que cette insistance relève d'une stratégie dont le but pourrait être d'étirer les lignes logistiques et de communication de l'armée algérienne et d'affaiblir sa capacité de supervision des frontières? On ne doit en tout cas pas exclure ces scénarios. La situation au Nord-Mali est particulièrement confuse, elle implique des acteurs non régionaux dont l'action - sous habillage caritatif ou humanitaire pour certains - et les objectifs sont loin d'être limpides. Face à la confusion et aux écrans de fumée, il faut rappeler que le rétablissement de la souveraineté du Mali n'est pas une question secondaire. Les préalables sont avant tout politiques, complexes mais nécessaires. Ils consistent bien en la restauration d'un minimum d'Etat à Bamako et à la réunion des conditions pour débloquer les processus de reconstruction démocratique et de reformation d'une armée nationale digne de ce nom. La sauvegarde de l'intégrité et de l'unité du Mali est à ce prix. |
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