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A partir de septembre prochain : Les soins gratuits pour les malades chroniques

par Moncef Wafi



Bonne nouvelle pour les 2,8 millions de malades chroniques recensés puisque, désormais, et à partir de septembre, ils bénéficieront de consultations gratuites.

Dans le cadre du dispositif de conventionnement médecin-sécurité sociale, ces malades pourront se faire traiter gratuitement chez leur médecin de famille (généraliste et spécialiste), choisi dans une liste de 2.400 médecins conventionnés établie par l'organisme de la sécurité sociale, a indiqué à l'APS, Djaouad Bourkaib, le Directeur général de la Sécurité sociale au ministère du travail.

Cette mesure destinée uniquement aux retraités et leurs ayants droit depuis l'année 2009, sera élargie aux malades chroniques répartis sur 26 groupes de maladies chroniques dont le diabète, l'hypertension, les maladies cardio-vasculaire, rénale, et respiratoire chronique), pour bénéficier d'une couverture sociale à 100%. Une liste de maladies qui reste ouverte puisque annonce M. Bourkaib, « certaines maladies nécessitant des soins lourds et coûteux seront introduites prochainement afin de garantir une priorité en couverture sociale au profit des personnes atteintes ». Une liste de maladies chroniques qui sera donc prochainement actualisée sur la base de critères scientifiques et des données de l'évolution épidémiologiques. Cette annonce a déjà été faite en 2011 par le DG de la Sécurité sociale sur les ondes de la radio Chaîne III. Il avait déclaré que des experts se penchent sur ce dossier et étudieront des paramètres liés à l'épidémiologie nationale, les maladies les plus répandues et celles qui occasionnent beaucoup de dépenses au pays. Le dispositif de partenariat médecin-sécurité sociale a pour objectif, selon ses concepteurs, d'assurer un meilleur suivi médical aux assurés sociaux et leurs ayants droit ainsi que la promotion de la qualité de ces soins, de la prévention et de la rationalisation des dépenses de santé. Selon M.Bourkaib, ce procédé connaîtra des actualisations dans toutes ses dimensions. Cette convention sera appelée, l'année prochaine, à se généraliser à tous les assurés sociaux. Pour rappel, le système tiers-payant évite à l'assuré le paiement direct des frais de soins médicaux lorsqu'il s'adresse à une structure de soins ou de services liée par convention avec la CNAS. L'organisme de sécurité sociale procède au règlement des montants de prestations à l'établissement ou au professionnel de la santé conventionné, et l'assuré est dispensé de tout paiement lorsqu'il est pris en charge à 100% comme c'est le cas notamment des malades chroniques.

En 2007, ces derniers étaient plus de 3 millions selon les chiffres de l'Office national des statistiques (ONS) représentants au moins 10% de la population algérienne. Sur le podium médical, l'hypertension artérielle (41.8%), le diabète (20.1%) et les maladies cardiovasculaires (16.5%). L'asthme (11.5%) et les maladies articulaires (10.6%) suivent de près. L'enquête réalisée en 2006 par l'ONS en collaboration avec le ministère de la Santé, de la Population et de la réforme hospitalière indique que les femmes sont plus affectées que les hommes, respectivement 60,3% et 42%. «Les personnes qui souffrent d'au moins une maladie chronique représentent 10,5% de l'ensemble de la population, dont 8,4% de l'ensemble des personnes de sexe masculin et 12,6% du total des personnes de sexe féminin », précisent les rédacteurs de l'enquête.

Par ailleurs, ils sont nombreux à dénoncer la mauvaise prise en charge de ces malades chroniques dans les hôpitaux qui connaissent un déficit en matière de moyens et de prise en charge des hémodialysés, des hémophiles ou des cancéreux. Le réseau d'associations de malades chroniques avait dressé, lors d'un des Forums d'El Moudjahid, un tableau noir de la prise en charge de ces maladies chroniques en Algérie, en évoquant tour à tour le manque de médicaments, de la mauvaise gestion des dossiers de malades, du laxisme et de l'insuffisance de prise en charge dans les hôpitaux et secteurs sanitaires. Du fait de leur complication, il déclare que l'hémophilie, l'hépatite, le cancer, l'insuffisance rénale ne constituent pas une priorité de la santé publique. A titre d'exemple et en l'espace d'une année, de 2009 à 2010, la qualité des soins de maladies chroniques, notamment le cancer, a connu une rétrogradation et beaucoup de problèmes qui n'existaient pas auparavant ont surgi, d'après Mme Gousmi, présidente de l'association pour la prise en charge des personnes atteintes de cancer, Nour El-Houda. Le réseau d'associations des malades chroniques avait lancé un appel au ministère de la santé, pour la création en Algérie d'un programme national de prise en charge de maladies chroniques, notamment l'hémophilie, l'hépatite, le cancer et l'insuffisance rénale.