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EL-BAYADH : UNE PRODUCTION DE 22.500 QUINTAUX DE LAINE

par Hadj Mostefaoui

 

En cette fin de saison de la tonte du cheptel ovin, estimé à plus de 1.500.000 têtes de camelins, et 1.500 individus, les 7.500 éleveurs de la wilaya ne savent plus quoi faire de leur production de laine qui a franchi cette année le seuil de 20.500 quintaux pour celle d'origine ovine et de 2.000 autres de la race cameline. Même si cette production reste stable annuellement et n'oscille que rarement dans les deux sens, elle constitue une importante source de rentrées financières pour ces nomades pour qui elle ne cesse de constituer un appoint non-négligeable en monnaie sonnante et trébuchante. Or il s'avère que l'écoulement de cette production demeure un vrai casse-tête pour, ce qui les contraint à la brader en totalité quelque fois, exception faite pour la laine de couleur noire et celle du chameau (Oubar) , qui sont très prisées pour leurs qualités mais très chères, voire inabordables aussi , selon Bendjelloul ce collecteur et fin connaisseur de ce produit du quartier « Oued Ferrane». La journée réservée à la tonte du cheptel ovin est marquée par une grande mobilisation générale de tous les membres de la fratrie qui viennent prêter main forte au maître des lieux. Pour ces derniers , assurés d'un excellent plat de couscous , garni des parties les plus charnues d'un méchoui, la partie n'est pas de tout repos puisqu'ils doivent mettre à l'épreuve toute la force de leurs muscles pour mettre à terre un puissant bélier , ou un chameau et ce n'est pas un jeu d'enfant, ni une partie de plaisir.

 La toison de laine récoltée est séparée en trois catégories, celle de teint blanc, marron clair et enfin la noire car le prix du kilogramme de chacune d'elle varie de 75 DA pour la blanche, en passant à 120,00 DA pour celle de couleur marron et atteindre enfin le seuil de 250 DA voire plus pour celle dite ?noire' très prisée , en raison de sa rareté, ce qui la met en tête d'affiche dans la liste des ventes. Cette dernière est réservée exclusivement à la confection du « Kheydouss», genre de burnous de couleur noire, réservé nous dit- on à la noblesse mais également signe distinctif de haut rang dans la tribu aussi. Quant à la laine de chameau, appelée plus communément «Oubar», est une fibre textile, très proche de celle de l'alpaga, aux quatre vertus et de très haut de gamme. Elle est douce, chaude, résistante et légère. Elle sert à la confection de burnous de très haut standing et de djellaba et c'est au maîtres couturiers et tailleurs à qui revient le dernier mot, plus particulièrement ceux des wilayate de Djelfa et de Laghouat qui leur donneront tous les deux après les étapes de filage et de tissage à la mode traditionnelle, leurs véritables lettres de noblesse à ces deux produits, brodés avec de fines fibres dorées. Et heureux ceux qui auront la chance et le privilège de porter sur leurs dos, l'une de ses deux tenues le jour des fêtes de l'Aid en dessus d'une « Abaya» en tussor qui se marie avec elles. Ces tous derniers jours, une activité fébrile règne dans la zone rurale et l'on assiste aux cotés des moissonneuses batteuses, à un incessant ballet automobile. Des camions de gros tonnage, issus des wilayate de Bordj Bou-Arreridj et de Msila dont les propriétaires font main basse sur toute la production de laine, et raflent par centaines de quintaux toute la laine qui passe sous leurs mains. Cette marchandise, une fois empilée et tassée sur le camion , est destinée à être écoulée auprès des manufactures de fabrication de matelas et l'excédent sera exporté sous d'autres cieux.