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Squat, tarifs? : Les plages, c'est le souk !

par J. Boukraâ

Depuis deux saisons, la direction du tourisme de la wilaya d'Oran tente tant bien que mal de prendre les choses en main en lançant des avis d'appel en vue de la concession des plages aux professionnels et ce, pour un contrat d'une durée de 5 années. Pour cet été, la direction du tourisme a mis en concession dix plages dont seulement deux ont été cédées. Il s'agit de la «Grande plage» et de «Bousfer-plage». La direction du Tourisme a pris seulement les plages dotées de plans d'aménagement. Cette opération vise essentiellement l'amélioration des prestations de service au niveau de ces espaces et permet aux estivants de profiter des bienfaits de la mer dans de bonnes conditions. Dans ce contexte, il a été fait obligation aux bénéficiaires de veiller au respect de la réglementation en vigueur tel que stipulé dans le cahier des charges, notamment en matière d'hygiène du milieu et de la qualité des prestations de service, selon des sources de la direction du tourisme. Cette direction estime que la décision de reprendre la concession des plages était devenue inéluctable en raison des graves défaillances constatées ces dernières années dans la gestion de ce dossier par les communes. Cette décision de confier la concession des plages aux directions du tourisme n'est pas spécifique à Oran. Il s'agit d'une opération entamée par le ministère de tutelle en 2011 suite aux graves dépassements enregistrés durant les saisons précédentes.

Toutefois, sur les dix plages proposées, deux seulement ont trouvé preneur. Les soumissionnaires avaient indiqué que la mise à prix du mètre carré était élevée. Une tarification fixée par la direction des Domaines. Ainsi, deux parcelles de 4.500 mètres carrés mises en concession au niveau des plages de la commune de Bousfer ont été fructueuses en 2012. Il s'agit de celles de la «Grande plage» et de «Bousfer-plage». Les autres plages (33) des communes côtières ont été concédées au gré à gré, avec respect des prix fixés par les services des Domaines. Ces plages ont été cédées en concession pour la durée de cette saison estivale. Une campagne de sensibilisation a été menée en direction des bénéficiaires de concessions de plages pour les faire adhérer au plan qualité qui prévoit un entretien quotidien des espaces, une installation judicieuse des équipements et autre matériel des plages ainsi qu'un bon accueil de l'estivant tout en lui assurant une sécurité et un bien-être sur les lieux. Des explications sur le cahier des charges strict qui prévoit que seuls 30% de la superficie de la plage peuvent être donnés en concession et de laisser des passages et des zones d'accès libre, les parcelles ne devant pas dépasser les 10 m², ont été données aux concessionnaires. Le cahier des charges stipule aussi que les plages sont concédées à des professionnels dont des hôteliers. Une commission «Vigi-plages» devrait être mise en place pour «veiller au respect de toutes les clauses du contrat, notamment en matière de sécurité, de confort et d'hygiène», selon le même cahier des charges qui précise que «la concession n'est pas un droit de place». L'accès à la plage restera gratuit pour tous les estivants.

Par ailleurs, le ministère du Tourisme et de l'Artisanat a introduit, cette année, un changement important concernant le volet financier de cette formule de gestion des plages. En effet, il a décidé que l'argent que versent les concessionnaires sera désormais encaissé par les communes côtières et non les services des Domaines. C'est une première et c'est une bonne chose dans le sens où ces dernières pourraient grâce à cette rentrée d'argent prendre en charge les besoins des estivants. Elles se doivent d'aménager comme il se doit les plages et les alentours en y installant notamment des toilettes, des points d'eau et douches pour les milliers de familles qui viennent passer quelques moments de repos sur le sable. Toutefois, en dépit de ces mesures, des indus exploitants sont là au niveau de quelques plages de la corniche oranaise semant le désordre et dictant leurs lois à des estivants, contraints de mettre la main à la poche pour s'acquitter des droits d'entrée à des espaces sans commodités et livrés à l'anarchie. Le squat des sables survient au moment où les autorités locales vantent à l'avance les résultats de la gestion, par voie de concession, des plages. Plusieurs citoyens se sont plaints des prix qui leur sont imposés pour accéder aux parkings ou aux plages qui atteignent les 100 dinars au niveau de certaines plages. Pour les tables, les prix de location varient entre 500 et 600 dinars les jours de semaine et peuvent doubler les week-ends. Et encore, si une famille ose planter à cet endroit son parasol, elle se fera immanquablement éjecter derrière le solarium sans aucune visibilité pour surveiller les enfants et sans accès à l'eau du fait des cordages entourant la concession. L'époque où les estivants pouvaient se rendre dans n'importe quelle plage, de l'extrême est à l'extrême ouest du pays, pour passer des moments de détente et de loisir semble définitivement révolue?