Il aura fallu un sordide fait divers pour que les Africains
d'Israël deviennent les nouveaux Palestiniens de la région. Un cas de viol
impliquant quatre Érythréens a suffi pour que l'Etat sioniste se découvre une
haine et un racisme intolérables envers toute la communauté noire qui s'est
installée en Israël à la faveur d'un cas de conscience mondialement médiatisée
avec l'affaire des Falashas. Un pont aérien comme jamais enregistré dans
l'histoire; presque égalé par les supporters algériens à la conquête d'Oum
Dorman ; qui a permis à des milliers de juifs éthiopiens de fouler la « Terre
promise ». Carte postale d'un pays « démocrate » mais l'envers du décor est tel
que ces Africains, exfiltrés ou ayant forcé la frontière avec le Sinaï
égyptien, véritable gruyère et point de passage vers Israël, ont vite déchanté
à la rencontre des Israéliens. Là où le racisme est érigé en doctrine d'Etat,
la couleur de la peau est un lourd fardeau à porter sur ses semelles. En
Israël, la réalité est telle qu'il n'est pas forcément nécessaire d'empaqueter
les décisions gouvernementales d'un papier humanitaire. Et c'est tout bonnement
que le gouvernement Netanyahu a décidé d'une batterie de mesures pour se
débarrasser des immigrés africains. Les Soudanais du sud ont été informés
qu'ils avaient une semaine pour volontairement dégager le plancher. Mille euros
pour un aller simple pour leur douar natal, sinon c'est la chambre à gaz. Les
centres de détention sont également en construction tout comme les colonies
sauvages. Mais ces décisions butent sur le terrain de la politique puisque,
avant d'expulser, il faut déjà négocier avec le pays pourvoyeur de la
clandestinité. Dans le cas des 15 mille Soudanais traqués, Tel Aviv et Khartoum
ne s'apprécient guère alors que faire ? Les experts du Mossad préconisent trois
voies. Recruter BHL en tant que ministre de la chasse aux Noirs, lui qui a déjà
fait ses preuves lors du traitement du dossier libyen. Habiller tous les
Africains de keffiehs, mettre dans leurs mains des frondes et des
tire-boulettes puis leur tirer une balle dans le dos. Faire une rafle générale,
les embarquer dans des camions, les conduire à la frontière avec le Liban, leur
mettre des barbes postiches et les arroser avec du napalm. Ou tout simplement
les jeter du ciel. On ne s'embarrasse pas de fioritures dans un pays qui
pratique le terrorisme d'Etat depuis que les chameaux arabes ont cessé de
regarder les étoiles. Le ministre de l'Intérieur Eli Yishai précisera pour les
naïfs que «ce n'est pas une guerre contre des infiltrés mais une guerre pour la
préservation du sionisme et du rêve juif sur la terre d'Israël».