Contrairement à
l'Allemagne habituée aux honneurs, la présence de l'Italie en demi-finale de
cet Euro constitue tout de même une petite surprise. Certes, la Squadra Azura
fait toujours partie du gotha mondial, mais la situation qui a prévalu avant le
coup d'envoi de ce rendez-vous avait contraint les bookmakers à ne pas miser
sur cette formation. Or, voilà les camarades de Pirlo à un stade où personne ne
les attendait. Un coup d'œil rétrospectif au parcours nous apprend que les
Italiens ont débuté par deux résultats nuls, contre l'Espagne et la Croatie.
C'est grâce à la victoire obtenue face à l'Irlande qu'ils se sont qualifiés aux
quarts de finale. Le match fourni par les hommes de Prandelli face aux Anglais
est ancré dans les mémoires. Cette fois, ce sont les Anglais qui ont évolué «à
l'italienne», se massant devant leur gardien Hart, alors que les transalpins,
réputés par leur catenaccio, ont attaqué tous azimuts, et seule la réussite
leur a fait défaut. Néanmoins, leur qualification est amplement méritée. Il
reste à savoir si, avec 48 heures de moins que leurs adversaires, ils auront
récupéré des forces après la débauche d'énergie déployée face aux Anglais. A ce
propos, Prandelli se dit optimiste sur ce plan-là, la motivation faisant le
reste. Il se base également sur la tradition qui veut que les Allemands n'aient
jamais battu les Italiens. Du côté allemand, on ne fait aucun mystère, la
Mannschaft affichant clairement ses ambitions. Il faut reconnaître que la
«machine» drivée par Joachim Low est impressionnante, car elle est complète
dans toutes ses lignes, avec une défense commandée de main de maître par le
libero Hummel, un milieu où Ozil rayonne, et une attaque redoutable. En outre,
avec la richesse du banc dont il dispose, le sélectionneur allemand possède
plusieurs alternatives. En quarts de finale, il a tenté de dérouter les Grecs
en alignant trois «nouveaux» joueurs. La surprise n'a fonctionné, si l'on peut
dire, qu'à moitié, à cause d'une «taupe» dans le vestiaire allemand. Quoi qu'il
en soit, cette fois, il a pris les précautions, et les Italiens ne prendront
connaissance de l'équipe type qu'une heure avant le coup d'envoi, c'est-à-dire dans
les délais règlementaires. Face à l'artillerie allemande, il reste à savoir si
les Italiens ne seront pas tentés de céder à leurs vieux démons du Catenaccio.
C'est la grande inconnue tactique de ce choc de titans où, du côté physique, la
balance penche du côté allemand. En tout cas, les Pirlo, Cassano, Balotelli et
Chelini ont des arguments à faire valoir. Comme on le constate, cette
demi-finale s'annonce très attrayante, donc à ne pas rater sous aucun prétexte.