Faire baisser le temps de traitement d'un car-ferry à 3 heures est le
défi auquel devront faire face les autorités de contrôle, douanes et police des
frontières (PAF) comprises, au niveau du port d'Oran. C'est ce qui a été
recommandé avant-hier par M. Halim Benattalah, secrétaire d'Etat chargé de la
Communauté nationale à l'étranger, à l'occasion d'une visite d'inspection
effectuée au port d'Oran, où il s'est enquis du dispositif d'accueil mis en
place, sur initiative de son département, au niveau des ports à l'adresse des
émigrés à l'occasion de cette période des grandes vacances. Parmi les
mesures-phares de ce dispositif, la mise ne place d'un couloir vert destiné à
alléger les contraintes de contrôle pour les passagers qui viennent en famille,
souvent avec des enfants en bas âge. Mais cette mesure, selon les explications
fournies par les responsables de la douane au niveau du port, bute dans son
application sur le terrain sur «l'utilisation par certains trafiquants des
facilités qu'offre ce couloir vert pour frauder ou faire passer des produits
prohibés». Tel est ainsi le constat dressé par les services des douanes qui se
retrouvent devant un dilemme qui met en opposition cette volonté de faciliter
le passage aux frontières des émigrés à l'impérieuse nécessité de contrôle.
Plusieurs tentatives de trafic ou de fraude ont été avortées grâce à la
vigilance des douaniers. «Il y a trois ans, un individu n'a pas hésité à
utiliser la présence de son propre fils pour bénéficier des avantages du
couloir vert et faire passer une cargaison de 500 kilos de cannabis à bord de
son véhicule», rappelle la douane du port qui cite un cas récent de «trafic
d'armes à feu » débusqué en collaboration avec les services de police du port
dans les mêmes circonstances. Ceci étant dit, le mot d'ordre de la douane est «
facilitation - sécurisation» telles les deux faces d'une seule et même pièce.
Les moyens techniques de contrôle dont dispose le port tels les scanners sont
conjugués au flair des agents de douane, lequel peut les amener à faire sortir
un véhicule jugé suspect de la file pour lui faire subir une fouille
minutieuse.
En discutant avec les passagers qui sont venus avant-hier à bord du
car-ferry «Eriadne», en provenance du port de Marseille, on a constaté un
sentiment de satisfaction de ce dispositif de facilitation qui inclut, en plus du
couloir vert, la soumission, à bord, aux passagers de la procédure du TPD
(Titre de passage en Douane). Des mesures qui sont confortées par les
aménagements effectués dernièrement par les autorités publiques au niveau de la
gare maritime pour garantir aux passagers de meilleures conditions d'accueil.
Une satisfaction qui contraste, toutefois, tel que rapporté à M. Benattallah
par certains passagers, avec «la qualité de service assuré à bord du car-ferry
par l'ENTMV», qui «laisserait à désirer» et qui ne reflète nullement les prix
qualifiés d'«excessifs des billets imposés par la compagnie maritime » si l'on
reprend les termes relevés dans ces témoignages. «Pour venir en Algérie, j'ai
dû payer le prix fort, pas moins de 3.000 euros, pour les billets de mes deux
enfants, mon épouse et moi-même. A ce prix, il est inconcevable qu'on vous
propose une qualité de service aussi médiocre. Pour un prix dix fois moins
cher, 300 euros, on peut aller en Suisse avec une qualité de service digne d'un
hôtel de luxe », témoigne un chef de famille établi à Paris. Une autre
passagère, venue avec son conjoint, a pour sa part interpellé le secrétaire
d'Etat, pour une prise en considération «sociale» des pouvoirs publics
algériens «des cas d'émigrés qui sont démunis, particulièrement les jeunes au
chômage pour leur assurer des tarifs de billets spéciaux».