![]() ![]() ![]() Europe : Les Musulmans et les idées reçues
par Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med ![]() «Fiers d'appartenir au pays d'accueil», affirme une majorité de musulmans
d'Europe. Une étude de la Commission européenne vient de battre en brèche l'idée
du refus d'intégration des musulmans d'Europe.
Une étude (Eurislam) sur l'intégration des musulmans dans l'Union européenne, commanditée par la Commission européenne, menée dans six pays, montre qu'une très large majorité d'entre eux sont fiers de leur pays d'accueil et se sentent bien intégrés dans la société. L'étude a porté sur les valeurs qui unissent ou séparent les musulmans des autres communautés européennes. Ainsi, les clichés et a priori véhiculés dans les sociétés européennes sur l'isolement communautaire des musulmans n'est, en réalité, qu'un fantasme entretenu par les médias au gré des circonstances de crise sociétale et de conjonctures politiciennes et électoralistes. Les statistiques de l'étude donnent 56 et 69% des musulmans européens fiers ou très fiers d'appartenir au pays d'accueil. Ils sont majoritairement défenseurs de la liberté d'expression, parfois plus que les Européens de souche. Exemple en Belgique, 71 à 92% des musulmans interrogés estiment que tout le monde a le droit de dire et d'exprimer ce qu'il veut en public, contre 67% chez les Belges non musulmans. Par ailleurs, d'autres études mettent à mal une autre idée préconçue : celle de l'origine des musulmans d'Europe. On apprend que la majorité d'entre eux proviennent des pays? d'Europe tels l'ex-Yougoslavie, la Bulgarie ou la Turquie. Ceux provenant de pays arabes et maghrébins sont minoritaires. D'autre part, rappelons que sur le 1,4 milliard de musulmans dans le monde, seuls 53 millions vivent en Europe (Russie et pays non membres de l'UE compris). Actuellement, entre 14 et 15 millions de musulmans vivent dans les pays de l'UE. La Russie, à elle seule, compte plus de 25 millions de musulmans, soit plus que toute l'UE. Selon les études de diverses institutions, y compris celles de l'UE, l'Europe comptera, à l'orée de l'année 2030, autour de 8% de musulmans. Un pays comme la France compte actuellement entre 4,5 et 5 millions de musulmans sur une population de 63 millions d'habitants. Autre indicateur, souvent sujet à manipulation par les partis politiques d'extrême droite, celui de «l'exclusivité arabe de l'Islam». Sur le 1,4 milliard de musulmans dans le monde, près d'un milliard sont asiatiques et 230 millions sont arabes (et encore) et africains. Ces statistiques démontrent clairement que l'idée raciste qui crie à l'envahissement de l'Europe par les musulmans (les arabes ?) est un mensonge visant à la stigmatisation des musulmans d'Europe. Ces idées xénophobes et racistes inondent le discours politique et médiatique en période de crise économique et de période électorale. A ce titre, les événements qui ont eu lieu en Belgique en début de ce mois de juin, et qui ont mis en scène un groupuscule de radicaux musulmans dénommé «Sharia 4 Belgium» (Charia Four Belgium) a remis en débat la question sur la place et le rôle des musulmans dans la société. Bien sûr, que ce soit dans les cercles dits intellectuels ou sur la toile du Net, l'occasion était trop belle pour que les racistes se lâchent et que certains musulmans abondent dans des explications primaires, allant parfois jusqu'au mea culpa, sinon à l'auto-flagellation. D'un événement de fait divers (agression de deux policières par un fou de Dieu), si grave soit-il, c'est toute la symbolique de l'Islam dans la société européenne qui est remise sur le tapis et débattue à la télé par les plus hautes autorités du pays. On s'en doutait, les politiques sont passés de la surenchère sécuritaire à la question migratoire, à celle de l'octroi et la déchéance de nationalité aux immigrés et jusqu'au contenu de l'Islam en matière de droits de l'homme, etc. Il est symptomatique de constater la variation de la courbe des débats sur l'Islam en Europe avec celle de la crise économique : à chaque grosse montée ou baisse de la courbe de la crise, correspond une «explosion» du discours sur l'Islam et l'immigration. Enfin, l'étude commanditée par la Commission européenne, si elle ne changera pas la donne politique en Europe, permet au moins à approcher la délicate question de l'Islam en Europe à sa juste valeur, au moins pour les esprits et politiques sincères. |
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