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Le syndrome Benflis

par Kharroubi Habib

Le candidat du système à l'élection présidentielle sera estampillé FLN car à cette échéance les « tab djnanhoum » seront encore dans les cercles décisionnels et feront jouer la fiction de la légitimité historique dont seul ce parti est à leurs yeux le dépositaire. Quoique le choix de ce candidat n'émanera pas de la direction organique de ce parti, les faiseurs de roi vont tout de même et par précaution s'assurer que cette direction ne soit pas tentée par la velléité de le discuter voire le contester.

Tout le remue-ménage et les affrontements dont le FLN est le théâtre annoncent que la caporalisation de son instance dirigeante est en cours. L'échéance 2014 est encore lointaine, mais les « tab djnanhoum » atteints du « syndrome Benflis » n'entendent rien laisser au hasard et à la possibilité d'une reproduction du scénario qui s'est joué en 2004. Pour cela, il leur faut une instance dirigeante du FLN dont la composante se singularisera uniquement par la médiocrité de ses personnalités dont aucune ne se sentirait apte à postuler à la candidature au poste suprême comme Ali Benflis a eu « l'outrecuidance » de le faire en 2004, incité et encouragé par un clan des décideurs qui a tenté de faire barrage à la réélection de Bouteflika.

Celui-ci ne sera pas candidat en 2014 (quoique?) mais il n'entend pas laisser à d'autres le choix du candidat du système à sa succession. Il n'est pas sans ignorer que vaincus en 2004, les pro-Benflis qui ont voulu déterminer le FLN en faveur de leur chef de file peuplent encore l'appareil du parti et ses instances dirigeantes et que sous l'apparence d'avoir fait allégeance au camp des vainqueurs, ils ne rateront pas l'occasion qui s'offrirait à eux de prendre leur revanche.

Le mouvement « de redressement » fomenté contre son homme lige et son fondé de pouvoir à la tête du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a fait apparaître l'implication dans cette opération de déstabilisation de figures marquantes du camp des pro-Benflis. Une participation dont il a pu retirer la conviction que ces contestataires n'ont pas le seul but apparent qu'ils proclament publiquement de déchoir Belkhadem de son poste de secrétaire général. Mais qu'ils tentent surtout d'affranchir le FLN de l'autorité de son « président d'honneur ».

De notre point de vue, Bouteflika a laissé courir les choses après le début de la fronde anti-Belkhadem et laissé s'amplifier le mouvement pour avoir une vision réelle du poids des camps antagonistes et surtout pour décompter qui sont les meneurs et activistes du courant pro-Benflis à neutraliser le moment venu. Subsidiairement, il a laissé faire la contestation contre son « homme de confiance » pour bien lui faire mesurer combien il est fragile assis sur son « siège à éjection » sans sa caution protectrice. Au final, Belkhadem qui lui doit de conserver son poste, va, et ce n'est pas parole en l'air qu'il a proféré dimanche, procéder à une purge de grande ampleur au sein du FLN qui concernera les caciques du parti s'étant mouillés dans l'opération « redressement » et en qui Bouteflika voit d'éventuels trublions pour le processus de succession qu'il envisage pour l'horizon 2014.

Pour autant, la « victoire » de Belkhadem sur ses détracteurs ne conforte nullement sa position et n'en fait nullement le prétendant à la candidature au poste suprême pour lequel Bouteflika va opter. Plus probablement, Belkhadem a été chargé de maintenir le FLN dans l'ordre du chef de l'Etat et instruit d'évacuer de son esprit l'ambition de se poser en prétendant à la succession.