Le risque des
intoxications alimentaires à l'occasion de ces journées de canicule, ainsi que
les voies et moyens de lutte contre toutes les formes du non-respect des règles
d'hygiène sanitaire, aussi bien dans la préparation que dans l'exposition des différents
produits de consommation, ont fait l'objet d'un débat, jeudi dernier, à une des
émissions de la radio régionale. Ont participé à l'animation sur ce thème, les
représentants de la direction du commerce, de la gendarmerie, de la police, de
l'APC de Constantine ainsi que de la présidente de l'association de défense des
consommateurs (ADC), Sakina Kellil.
Celle-ci a tout
d'abord regretté vivement l'absence du mouvement de la société civile en
général et notamment des comités de quartiers, qui ont leur mot à dire mais qui
demeurent aphones sur ce sujet épineux et ce, malgré les dangers qu'il
représente pour la population. Les préoccupations des auditeurs qui ont
intervenu par téléphone ont tourné autour du squat des trottoirs, pas seulement
par les vendeurs informels mais par des commerçants légaux, qui y exposent
leurs marchandises, affirment-ils. Et cela touche aussi bien la viande, le
lait, les boissons gazeuses, les jus de fruits, les fromages et d'autres
produits encore, au mépris de la santé de tous. La présidente de l'association
des consommateurs fera état d'une précédente campagne de sensibilisation, faite
avec la direction du commerce et l'Union des commerçants de la ville et qui a
ciblé les pâtissiers de la wilaya. «La situation est catastrophique,
dira-t-elle, il nous a été donné de constater que la préparation des produits
se fait dans des locaux où pullulent des rats et où coulent des eaux usées. Au
niveau de la ville des ponts, un pâtissier fait les préparations de gâteaux et
confiseries dans un vieux récipient troué et colmaté par du papier journal»,
ajoute-t-elle. Concernant la viande, elle indiquera que son association, qui a
effectué des sorties sur le terrain avec les services d'hygiène de l'APC de Aïn
S'mara, a relevé que le poulet vendu est égorgé dans des épiceries. Elle dira
également que plusieurs boulangers ne font pas fonctionner les équipements
frigorifiques la nuit pour faire des économies. Le représentant de la direction
du commerce, sans nier ces phénomènes, fera état du bilan établi par ses
services au cours des 5 derniers mois. Ainsi, il a été enregistré, notera-t-il,
1.080 contraventions concernant la protection du consommateur, dont 48% sont
relatives au non-respect de l'hygiène. De même que la même période a donné lieu
à 549 opérations de saisies, pour un total de 26 tonnes de produits non
conformes à la réglementation. La direction a aussi procédé au prélèvement de
213 échantillons de différents produits alimentaires et de produits usinés,
dont le taux de conformité n'a pas dépassé les 21%. Elle a également mobilisé
80 agents contrôleurs, dont 71 ingénieurs d'Etat. «Cela reste bien sûr à
discuter, est-ce ou non suffisant ? C'est toujours à voir. Quoi qu'il en soit,
l'opération de contrôle et de lutte contre les intoxications concerne 3
maillons, l'administration, les opérateurs économiques et le consommateur, et
ce dernier est en vérité le premier contrôleur. Le problème, c'est que toutes
les campagnes et programmes de lutte demeurent insuffisants si le consommateur
lui-même ne se prend pas en charge en la matière», dira l'intervenant. «La
présence d'une seule association parmi nous est un autre indice de cette
désaffection du consommateur que nous rencontrons lors des campagnes de
sensibilisation et qui nous interpelle toujours», conclura-t-il.