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A l'occasion d'un entretien à l'Elysée avec le président du
Niger Mahamadou Issoufou, le chef de l'Etat français François Hollande a en
évoquant la situation au Sahel soutenu «qu'il y a une intervention extérieure
qui déstabilise le Mali et qui installe des groupes dont la vocation est une
intervention qui va bien au-delà du Mali, en Afrique et peut-être au-delà».
Il n'est pas allé jusqu'à dire qui sont les «interventionnistes», mais du fait qu'il a exprimé ce point de vue peu après les révélations rapportées par le quotidien français au sujet de l'émirat du Qatar le présentant comme subventionnant les groupes terroristes affiliés à Aqmi agissant dans le Sahel, il n'est pas impossible qu'il n'exclut pas parmi eux ce pays du Golfe. Une chose est en tout cas sûre, la connivence entre Paris et Doha si affichée quand Sarkozy présidait à l'Elysée n'est pas assumée par son successeur. Plus globalement concernant l'Afrique, le nouveau chef de l'Etat français semble décidé à rompre avec le concept de la «Françafrique» qui a permis à Paris de pratiquer une politique africaine néocolonialiste basée sur la soumission des dirigeants du continent noir et le chantage sur ses aides financières et militaires aux régimes en place. Peu après son investiture, François Hollande a émis un geste fort en direction de l'Afrique en recevant le président béninois en sa qualité de président en exercice de l'Union africaine, signifiant par là que désormais en Afrique l'interlocuteur privilégié de la France concernant les problèmes du continent va être l'organisation étatique continentale. Le recadrage qu'Hollande est en train d'effectuer à la politique africaine de la France n'est pas pour déplaire aux autorités algériennes qui n'appréciaient pas celle que suivait son prédécesseur faite d'interventionnisme unilatéral ne prenant en compte que les intérêts que la France a sur le continent. Ce n'est pas elles qui protesteront après que, toujours au sujet de la situation au Sahel et au Mali en particulier, le président français eut affirmé que «si une intervention est décidée, c'est aux Africains de la mener, la France comme d'autres puissances se mettant au service des Nations unies». S'il est un pays qu'inquiètent les nouvelles intonations imprimées au discours politique africain de la France par le successeur de Sarkozy, c'est le royaume chérifien. Hollande pourrait bien en effet reconsidérer dans un sens plus équilibré les rapports de la France avec les deux puissances maghrébines que sont l'Algérie et le Maroc. L'inquiétude marocaine a percé au fur et à mesure que les sondages en France renforçaient la probabilité de la victoire de François Hollande sur Nicolas Sarkozy. Le roi l'a manifesté en s'organisant une «visite privée» à Paris dès Hollande entré à l'Elysée, sachant que celui-ci ne pouvait faire moins que de l'inviter à un entretien. D'être reçu ainsi à l'Elysée a permis au monarque marocain de faire suggérer que les relations franco-marocaines s'inscriront dans la continuité favorable aux intérêts marocains malgré le changement intervenu à l'Elysée. Hollande est crédité d'intentions amicales à l'égard de l'Algérie et d'être favorable à un partenariat stratégique avec elle. Il conviendrait que les autorités algériennes renforcent ses dispositions en l'encourageant dans ce sens. Qu'elles ne laissent pas par conséquent le terrain libre au lobby marocain en France. On le sait, celui-ci est puissant dans l'Hexagone, y compris au sein de la famille politique du nouveau président français. Mais l'Algérie dispose d'atouts auxquels même les «amis français» du Maroc proches de Hollande ne sauraient rester indifférents dans le conteste extrêmement défavorable pour la France dans lequel ils reviennent au pouvoir. Il s'agit donc de les faire intelligemment valoir. |
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