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A croire le ministère de la Santé, de la population et de la réforme
hospitalière, il n'y a pas un manque de médicaments dans les structures de
santé publique, mais juste un «problème de distribution». Ce n'est pas l'avis
des hospitalo-universitaires qui ont exprimé, hier, lors d'une AG tenue au CHU
Mustapha, leur ras-le-bol de cette situation de pénurie qui touche l'ensemble
des pathologies. Une rencontre à laquelle a pris part le directeur de la
pharmacie au sein du département de Ould Abbès.
Pour le Pr. Djidjeli, président du Syndicat national des professeurs et docents des sciences médicales (SNPDCM), la tutelle «ne reconnaît toujours pas qu'il y a une grave crise de disponibilité de médicaments» dans les structures publiques de santé. «Les témoignages de différents chefs de services sont accablants. Les infectieux affirment qu'ils ne peuvent plus traiter les malades du Sida. Les oncologues sont dans la même situation. Alors que le représentant du ministère de la Santé affirme que les médicaments sont disponibles, mais qu'il ne s'agit que d'un problème de distribution», affirme Pr. Djidjeli. Une explication qui ne convainc pas les hospitalo-universitaires qui précisent que ce manque de médicaments dure depuis plusieurs années et ne fait que s'aggraver. Mais, pour sortir de ce débat et aller vers le concret, les participants à l'AG ont décidé de monter une cellule de contrôle, qui est ouverte aux représentants du ministère de la Santé, «pour travailler ensemble afin de dresser une liste quotidienne des médicaments manquants». «Nous voulons que les responsables au ministère touchent du doigt les problèmes que rencontrent l'ensemble des praticiens. Nous avons, également, appelé les conseils médicaux à faire état instantanément des médicaments touchés par la pénurie, et de dresser des listes hebdomadaires qui seront transmises à la tutelle», ajoute notre interlocuteur. Selon lui, les hospitalo-universitaires comptent maintenir la pression pour régler définitivement ce problème, et vont se réunir régulièrement pour faire le point de la situation au niveau national. «On ne baissera pas les bras. Nous ne voulons pas êtres complices de ce grave laisser aller», affirme encore Pr. Djidjeli. «Ce qui est frappant dans le discours du ministère de la Santé, ajoute-t-il, c'est que pour eux il n'y a pas de pénurie, et avancent comme unique explication, le problème de distribution. Nous leur avons dit, la distribution c'est votre problème. Nous exigeons que le médicament soit disponible. Un point c'est tout», ajoute le président du SNPDCM. Pour lui, cette situation montre qu'il y a «un échec total» en matière de politique de médicaments. «Depuis 10 ans, ils ne cessent de nous dire que le souci du gouvernement c'est de réduire la facture du médicament. Depuis 10 ans, cette facture est passée de 450 millions de dollars à plus de 2,5 milliards de dollars, et peut être qu'elle atteindra les 3 milliards $ cette année. Plus on dépense moins, le médicament est disponible». Hier matin à 11heures 30, à l'intérieur du centre hospitalier universitaire (CHU) de Constantine, les hospitalo-universitaires rattachés au syndicat national des enseignants ? chercheurs hospitalo-universitaires (SNECHU) ont tenu, eux aussi, une assemblée générale pour examiner les problèmes «dramatiques» générés par le manque de médicaments et les participants à la réunion ont abouti à un constat tout à fait amer. Selon le professeur Benahcène Karima, présidente du SNECHU, que nous avons contactée hier, «l'ensemble des médecins manquent terriblement de médicaments, de consommables et ils ont des malades qui meurent sous leurs yeux parce qu'ils ne peuvent rien faire pour eux». Cette responsable a donné des exemples de la tragédie qui se déroule devant leurs yeux disant «que le médecin-chef du centre anti-cancer (CAC) a signalé avoir arrêté les consultations de nouveaux malades depuis une quinzaine de jours». Un autre médecin du service orthopédique, ajoute notre interlocutrice, affirme que lui et ses confrères veulent également arrêter les consultations parce que, à présent, ils subissent des agressions de la part des malades pour lesquels ils ne peuvent absolument rien faire. Toujours selon cette praticienne, un médecin-chef du service médecine interne a signalé que deux jeunes sont morts à cause de l'absence de magnésium et de sérum physiologique. «Il y a tout un monde entre ce que dit le ministre et ce qui se passe sur le terrain, a commenté Mme Benahcène. Quant à nous, face à une telle situation, nous sommes totalement impuissants !». L'entretien avec la présidente du SNECHU a eu lieu au moment où elle sortait de l'assemblée générale. «Après l'AG, on devait faire un sit-in devant la direction générale de l'hôpital, nous a-t-elle confié, mais comme le soleil tapait fort, nous avons annulé ce rassemblement et les membres du syndicat se sont réunis avec le sous-directeur de l'établissement, lequel occupe en même temps, la fonction de directeur des activités médicales et paramédicales (DAPM) et assure l'intérim du directeur de l'hôpital, M. Oubira, qui se trouve Alger en réunion avec le ministre. Le constat fait en AG lui a été communiqué et nous allons adresser un rapport officiel au ministre sous forme de CD», a terminé notre interlocutrice. |
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