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La récente entrée en Bourse du réseau social Facebook n’en finit pas de faire couler de l’encre. Annoncée depuis longtemps, reportée à plusieurs reprises, cette IPO (Initial public offering, c’est-à-dire une première offre au public) a d’abord fasciné par les montants en jeu. En cédant une partie de son capital à des investisseurs institutionnels mais aussi privés, l’entreprise a pu lever 16 milliards de dollars et a vu, l’espace de quelques heures, sa valorisation initiale dépasser les 100 milliards de dollars, une première aux Etats-Unis. Mais, de l’avis général, le bilan, pour le reste, est des plus négatifs.
UNE ENTREE EN BOURSE CONTROVERSEE A ce jour, le cours de Bourse de Facebook n’a jamais pu dépasser son niveau d’introduction qui était de 38 dollars. Or, la réussite d’une IPO passe, entre autres, par la progression continue dans les premiers temps de la valeur du titre. Si tel est le cas, cela signifie que les banques et courtiers qui ont acheté l’action pour l’écouler sur le marché boursier, ont eu une demande importante et ont donc pu dégager un bénéfice sur cette opération. De même, l’investisseur particulier qui achète le titre à 38 dollars, ne peut qu’être satisfait si ce dernier est à 40 dollars, voire plus au bout de quelques heures ou quelques jours de cotation. Cela signifie qu’il peut le céder et faire une plus-value ou le garder en espérant une plus forte appréciation. En fixant le cours initial à 38 dollars (on parlait de 28 puis de 34 dollars, quelques semaines avant le lancement de l’opération), Facebook et les banques chargées de l’introduction en Bourse, dont Morgan Stanley, ont été trop gourmands. Pire, certains analystes estiment même aujourd’hui que le prix de départ aurait dû être fixé entre 9 et 15 dollars ce qui, vu les montants en jeu, est une différence de taille. Certes, une entrée en Bourse doit se juger sur une période plus longue mais il est indéniable que sa première phase est un échec. Et c’est en toute logique que la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme boursier américain, a décidé d’enquêter sur cette IPO afin de vérifier notamment si Facebook et Morgan Stanley n’ont pas trompé les investisseurs en survendant les performances économiques et financières à venir du réseau social. Outre la question du niveau trop élevé du cours d’introduction, se pose aussi celle de la responsabilité du Nasdaq, la Bourse électronique où sont cotées les grandes valeurs technologiques mondiales. Plusieurs problèmes techniques ont perturbé l’IPO avec notamment, des ordres d’achat et de vente qui n’ont pu être exécutés à temps. Selon le Wall Street Journal, plusieurs grandes banques ainsi que de nombreux courtiers en Bourse ont perdu de l’argent dans l’opération en raison du dysfonctionnement du Nasdaq. Ce dernier vient donc de voir son image écornée alors qu’il espérait se servir de l’IPO de Facebook pour convaincre d’autres entreprises de l’Internet – jusque-là rétives en raison de l’atonie des marchés boursiers – d’en faire autant. Aujourd’hui, près de quinze entrées en Bourse à New York ont été reportées, voire annulées. UN TRAITEMENT INEGAL DES INVESTISSEURS ? Enfin, l’IPO de Facebook pose de nouveau le problème de l’égalité des investisseurs devant l’information. En théorie, chaque participant à l’opération doit disposer des mêmes informations que les autres. Or, il semble que certains gros opérateurs aient été avertis par leurs banques ou par leurs courtiers que le titre Facebook ne méritait pas une telle valorisation de départ et que les perspectives de cette entreprise de dégager des revenus plus importants pour l’avenir, restent des plus aléatoires. C’est ce qui expliquerait pourquoi le titre n’a pas progressé au départ et pourquoi certaines banques ont préféré en vendre plutôt que d’en acheter plus. A bien des égards, l’IPO de Facebook risque fort d’entrer dans l’histoire boursière comme étant l’exemple à ne pas suivre. |
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