Les défenseurs de la cause des enfants autistes en Algérie se mobilisent. Une vaste action de sensibilisation est prévue, ce jeudi, à l'occasion de la Journée mondiale de l'enfant, sur cette maladie peu connue en Algérie même si elle touche, selon certaines statistiques, près de 65.000 adolescents.

L'action devra regrouper, selon ses initiateurs, des parents de malades, des sympathisants de cette cause et des associations d'autistes de plusieurs wilayas du pays. Objectif : plaider pour que l'enfant autiste ait les mêmes droits que ses pairs non-autistes: droit à la prise en charge, à la scolarisation, à l'insertion sociale et professionnelle, et au bien-être. Une prise en charge qualifiée de « très insuffisante», par les spécialistes à cause notamment de l'absence de structures adaptées, à la prise en charge scolaire, éducative, sociale et thérapeutique des enfants malades. Et même lorsque prise en charge il y a, elle est souvent tardive ce qui compromet les chances d'intégration de l'enfant.

La seule classe dédiée aux enfants autistes en Algérie se trouve à Oran, à l'école primaire Abdallah Ibn Messaoud à Haï El Badr (Cité Petit). Cette classe, créée par l'Association des autistes d'Oran (ASAOR), existe depuis avril 2011 et compte actuellement 6 enfants autistes âgés entre 8 et 15 ans, encadrés par 4 éducatrices, des psychologues cliniciennes qui suivent des formations spécialisées en autisme.

Ce manque de structures de prise en charge contraste pourtant avec la réalité têtue des chiffres. Selon les spécialistes, la prévalence de l'autisme en Algérie est estimée à 4 cas pour 1.000 naissances. Certaines statistiques font état de 65.000 adolescents atteints de cette pathologie neurologique d'origine génétique qui touche 3 à 4 fois plus les garçons que les filles.

Dans leur page « Facebook» dédiée à cette action de sensibilisation, les organisateurs ont prévu la pose de gerbes de fleurs, en commémoration du 1er juin, Journée internationale de l'Enfant, au nom de tous les autistes d'Algérie. Il y aura également des groupes composés d'enfants autistes, de leurs parents et d'éducateurs qui se dirigeront vers des sièges de ministères, télévision, radio, presse. Parmi les ministères ciblés, ceux de l'Intérieur, de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, de l'Education nationale et de l'Action sociale et de la Solidarité nationale.

La clôture de l'action se fera au Jardin d'essais où tous les participants devront se regrouper. Les militants estiment qu'il est temps que l'autisme soit enfin reconnu conformément aux critères de l'O.M.S et que cette cause soit nationale, et enfin que cette année soit celle de la mobilisation des autorités responsables à savoir : les ministères de la Santé, de la Solidarité et de l'Education nationale, ainsi que de la société civile.

Il y est également question de l'indispensable nécessité d'assurer des formations pour l'ensemble des spécialistes de l'équipe pluridisciplinaire en charge de cette maladie sur des méthodes telles que ABA «analyse appliquée du comportement» ou TEACCH «Treatment and Education of Autistic and related Communication handicaped Children.», qui ont fait leurs preuves depuis des années à l'étranger, et qui restent encore assez méconnues, en Algérie.