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Hamid Grine : Du journaliste sportif au romancier

par A. M.

A l'invitation de l'Institut français de Constantine (nouvelle appellation du centre culturel français), l'écrivain algérien, Hamid Grine, a animé, en fin d'après-midi de dimanche 27 mai, une rencontre avec ses lecteurs au cours de laquelle, durant deux heures d'affilée, il a parlé de son parcours qu'il a entamé, après l'indépendance de l'Algérie, dans le journalisme sportif. «Je suis le journaliste qui a écrit le plus de livres sur le sport», a-t-il dit d'entrée, tout en jugeant que c'est dans le sport qu'on voit l'écriture de talent. Cela lui a permis d'évoquer le difficile travail qu'il a dû faire pour terminer le livre sur Belloumi. Il s'est attardé ensuite sur son expérience journalistique au Maroc, où il a tenu le poste de rédacteur en chef dans un hebdomadaire économique. Il a révélé alors qu'il était poursuivi et harcelé par la police (DST). «Pour eux (les policiers), un journaliste est toujours suspect», a souligné Grine, avant de poursuivre en évoquant, tour à tour, ses œuvres qu'il avait écrites à différentes époques, évocation qu'il a souvent accompagnée par des anecdotes croustillantes sur les circonstances dans lesquelles il a été amené à écrire chaque livre.

A propos de son passage au roman, il expliquera cela en disant: «Je ne voulais plus écrire dans l'urgence. C'est à cause de cela que j'ai commencé à écrire des romans». Parmi ses oeuvres majeures, Hamid Grine a parlé abondamment de «Il ne fera pas long feu», un roman sur la presse qui a connu un grand succès, ainsi que de «La nuit du henné» en cours d'adaptation au cinéma.

L'auditoire, qui attendait sa sortie sur «Un parfum d'absinthe» qui a connu un énorme succès en France, sous le titre de «Camus dans le narguilé», a été bien servi puisque l'écrivain s'est arrêté sur cette œuvre originale qui pose le thème de l'engagement des écrivains algériens durant la guerre de Libération nationale, notamment la position d'Albert Camus. «J'ai été très étonné du succès rencontré en France par ce roman et ce, malgré le fait qu'il n'y avait pas bénéficié de promotion», a déclaré l'écrivain. Pour lui, Camus était un humaniste qui avait dénoncé les massacres du 8 Mai 1945 à Sétif et la misère en Kabylie et non un anticolonialiste. Signalant que la question qui justifie ce roman est la problématique des écrivains et poètes algériens, il a été amené à citer Jean Amrouche, Jean Sénac, Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, etc., en posant à ce propos la question «pourquoi les écrivains algériens de l'époque sont très exigeants avec Camus ? Pourquoi ne pas l'être avec nos écrivains ?» Il a répondu qu'on ne trouve pas toujours la vérité dans le camp des écrivains. La seule différence est que les premiers sont pour l'indépendance et Camus était contre. Aussi, le vrai débat devrait se faire sur nos écrivains : qu'ont-ils fait durant la guerre d'Algérie ? Et dans la plupart des cas, les intervenants au débat ont centré leurs propos et questions sur ce thème. Signalons, pour terminer, que M. Hamid Grine a donné, hier matin, une conférence devant les étudiants de l'Ecole normale supérieure du plateau de Mansourah.