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Dans son rapport mondial 2011 sur les droits de l'homme, publié jeudi, le
département d'Etat américain, tout en distribuant de bons points à l'Algérie en
matière de liberté de la presse, de l'accès libre à l'Internet et de
l'émancipation politique des femmes, l'a par contre épinglée sur le dossier de
la corruption.
Un dossier sensible qui régulièrement donne une mauvaise image du pays rongé, selon des organisations non gouvernementales par la corruption. Même si le département d'Hillary Clinton aborde la corruption, il rappelle néanmoins les efforts consentis par Alger dans plus d'efficacité dans sa lutte contre ce fléau dans le secteur public. Le département d'Etat regrette pourtant qu'en dépit de la loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption, qui a été adoptée suite à la ratification par l'Algérie de la Convention des Nations Unies contre la corruption, en 2006, il n'est pas fait obligation aux élus et hauts responsables de l'Etat de déclarer leurs biens, mais en contrepartie elle «ne prévoit pas l'immunité parlementaire dans certains cas». En 2011, le rapport de Transparency International, publié le 1er décembre, classe l'Algérie à la 112ème place sur un total de 182 pays. Avec un indice de perception de la corruption de 2,9 sur une échelle de 10, le pays avait perdu 7 places en une année. Comparée aux pays du Golfe Arabe et de ses voisins maghrébins, le Maroc (80e) et la Tunisie (73e), l'Algérie fait figure de mauvais élève. Pour les motifs de satisfactions des AE américaines, il est relevé la liberté de la presse en soulignant que «les journalistes et les caricaturistes politiques critiquent, régulièrement, le gouvernement» et le libre accès de l'opposition à la presse indépendante. Le rapport note que le nouveau code de l'information dépénalise les délits de presse, mais sans pour autant lever les difficultés d'accéder aux informations auprès des responsables du gouvernement. Pour preuve, l'information institutionnelle jugée en «manque de transparence» malgré l'existence de sites Web dédiés aux ministères mais qui «ne sont pas tous régulièrement entretenus pour fournir des informations à jour». Le département d'Etat souligne, en outre, la bonne santé de la Toile où des individus et des groupes expriment également leurs opinions à travers YouTube et Facebook servant, également, de supports vidéo. Elaboré avant la tenue des élections législatives du 10 mai, qui a vu un nombre record de femmes siéger au Parlement, le rapport américain salue la promotion des droits politiques des femmes. Quant aux «émeutes» de début 2011, le département d'Etat épouse les thèses officielles en les imputant à «la hausse des prix des produits alimentaires de base», avant de rappeler que l'APN a adopté une série de lois de réformes sur les élections, les partis politiques, la représentation féminine dans les organes élus, les associations et les médias, tandis que le gouvernement a levé l'état d'urgence en vigueur depuis 1992. Dans le chapitre consacré au «respect de l'intégrité de la personne», le département d'Etat rappelle la position officielle de l'Algérie, précisant que des agents des forces de l'ordre incriminés dans de tels actes ont été jugés et condamnés. Le rapport cite en exemple le cas des deux officiers de police condamnés à des peines de prison pour négligence et non-respect des procédures de détention préventive à l'égard de Tifouti Kamel qui s'était pendu avec des lacets dans sa cellule pendant sa détention provisoire dans la prison de Constantine. Quant au volet carcéral, le rapport souligne la surpopulation dans de nombreuses prisons en raison, notamment, de «l'usage excessif de la détention provisoire», tout en indiquant que le ministère algérien de la Justice a entrepris un programme de construction de prisons pour atténuer ce problème de surpopulation. Au cours de l'année 2012, poursuit-il, «le gouvernement algérien a autorisé le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et la Société du Croissant-Rouge à visiter les prisons». «La plupart des détenus ont un accès rapide à un avocat de leur choix, et le gouvernement fournit des avocats aux détenus qui n'ont pas les moyens financiers suffisants», note le rapport. Ce dernier estimera que l'Algérie a, pleinement, joué son rôle dans la protection des réfugiés, coopérant avec le Bureau du commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et d'autres organisations humanitaires pour apporter protection et assistance aux personnes déplacées, aux réfugiés, aux réfugiés rapatriés, aux demandeurs d'asile et aux apatrides. «Des observateurs indépendants ont constaté que ces centres de transit sont en excellent état avec des lits confortables, un traitement médical approprié, des installations de toilettes, de la gratuité du téléphone et l'utilisation d'ordinateur portable», affirme encore le département d'Etat. Par ailleurs, et abordant l'occupation des territoires sahraouis par le Maroc, le département d'Etat a dressé un tableau sombre de la violation des droits de l'homme des Sahraouis par les autorités marocaines tout en relevant que le mandat de la MINURSO continuait à être dépourvu du mécanisme de surveillance de ces droits. En détail, le rapport cite «les limitations à la liberté d'expression et de réunions, l'utilisation de la détention arbitraire pour étouffer la dissidence, et la violence physique et verbale à l'encontre des détenus sahraouis lors des arrestations et durant leur emprisonnement». Le rapport souligne «l'impunité quasi-générale à l'égard des fonctionnaires marocains qui commettent des abus bien que les Sahraouis soient victimes de discrimination dans l'application des lois». Le département d'Etat affirme que des rapports crédibles témoignent du recours par les forces de sécurité marocaines à la torture, coups et autres mauvais traitements des détenus sahraouis. Quant aux conditions carcérales des prisonniers Sahraouis, il note que l'observatoire marocain des prisons reçoit, régulièrement, des plaintes d'abus physiques et de tortures déposées par les familles des détenus de la prison de Laayoune dont l'accès aux ONG des droits de l'homme est interdit depuis 2008. Citant les organisations des droits de l'homme, le département d'Etat indique que plus de 85 prisonniers politiques sahraouis sont détenus dans des prisons marocaines. |
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