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C'est parti !

par Notre Envoyé Spécial A Cannes : Tewfik Hakem

llez, c'est parti ! Après une journée d'enfer passée dans un train qui a mis près de 3 heures de retard avant de nous lâcher tout en sueur dans la petite gare de Cannes, nous y sommes : le festival international du film, 65e édition, peut commencer.

Comme d'habitude dans les colonnes de ce quotidien, un compte-rendu au jour le jour de la manifestation, qui mêlera l'humeur du chroniqueur, une velléité de perpétuer une certaine critique du cinéma, un peu de glamour et beaucoup de digressions d'ordre socio-politico-économique. Cette année, plus que jamais, restons fidèles à notre ligne éditoriale : profiter du caractère mondial de la manifestation pour voir, à travers les films et leurs représentants, comment va le monde.

Malgré son ton (faussement) léger, c'est donc une chronique éminement politique, à lire comme telle. Que les cinéphiles, cinémaniaques et autres amateurs de la vie rêvée des stars ne se sentent pas exclus pour autant. Tout est politique, y compris les potins de stars. Par exemple, quand le désormais ex-ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, se précipite pour décorer Biyouna - Chevalier des arts et des lettres, rien que ça ! - c'est un geste politique, un des derniers du ministre sortant de Nicolas Sarkozy.

Souvent, les évènements du Festival de Cannes sont politiques : films engagés, sujets d'actualité, soutiens à des cinéastes se battant contre leurs pouvoirs dictatoriaux... Mais depuis quelques années, la politique s'invite aussi comme un spectacle à part entière. Cette année, même dans les cafés de Cannes, les postes de télévision étaient plutôt branchés sur les chaînes infos installées à l'Elysée, où l'on attendait la nomination du gouvernement socialiste de François Hollande, plutôt que sur les chaînes qui retransmettaient la première montée des marches du festival du film. C'est ainsi que Arnaud Montebourg a volé la vedette à Robert Pattinson.

L'année dernière, l'affaire DSK avait fortement perturbé le festival : l'arrestation médiatisée de l'ex-patron du FMI était le spectacle que tout le monde suivait. Les petits écrans retransmettant en direct de New York la chute d'un homme puissant à qui tout était promis avaient nettement plus de succès que les films, toutes sélections confondues, projetés sur grand écran. Il faut dire que c'était un vrai spectacle : action, suspense, sexe et politique?

Un an plus tard, le Festival de Cannes va projeter en avant-première le film d'Abel Ferrara qui relate l'incroyable fait divers médiatico-politique, avec Gérard Depardieu dans le rôle de DSK et Isabelle Adjani dans celui de son épouse, Anne Sinclair. Ce qui conforte notre fameuse ligne éditoriale. Le cinéma c'est bien, mais la politique passe avant tout.

A part ça ? La délégation algérienne vient de débarquer à Cannes ; notre espion infiltré dans ladite délégation lui a déjà trouvé un nom : «la Chouikh family». Effectivement ils sont venus, ils sont tous là : Mohamed Chouikh, grand cinéaste ; son épouse Mina Chouikh, grande cinéaste ; les filles Chouikh, futures grandes cinéastes. Leurs bagages sont légers, pas un seul film à montrer. Gageons qu'ils repartiront avec un excès de poids (c'est de l'humour?) et aux frais du contribuable algérien (? et c'est politique).