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Grève des travailleurs des universités et résidences universitaires : La situation se corse

par A. Mallem



Les travailleurs des universités et des résidences universitaires de Constantine entament aujourd'hui leur quatrième jour de grève, et ce en dépit de la rencontre tenue lundi dernier à Sétif entre des représentants du ministère de tutelle, le directeur général des œuvres universitaires centrales et ceux de la coordination syndicale de l'Est, initiatrice de la grève des corps communs de l'enseignement supérieur dans la région.

Selon Daikh Zoubir, membre de la cellule de suivi de la grève, qui est intervenu hier à la radio régionale de Constantine, «la rencontre de Sétif avait pour but de communiquer un message du ministre qui déclare avoir accédé enfin à notre demande concernant l'ouverture de dialogue avec les grévistes. Aussi, nous sommes parvenus à un accord suivant lequel les revendications socioprofessionnelles relevant de la compétence de l'Office national des œuvres universitaires (ONOU) seront réglées par une commission qui sera composée au cours de cette rencontre. Dans le même temps, le secrétaire général de l'UGTA aurait décidé de faire appel à la composition d'une autre commission représentant les travailleurs de toutes les régions du pays pour prendre en charge le dossier des corps communs et le régler en coordination avec la tutelle. Dans ce cadre, les différentes parties vont se rencontrer aujourd'hui à midi (NDLR : hier) pour entamer les négociations autour de la plate-forme de revendications». Pour rappel, la plate-forme en question comporte une liste de 16 revendications allant de la révision du statut des corps communs, à la titularisation du personnel contractuel, en passant par l'augmentation des salaires, les promotions, la formation, les œuvres sociales, le logement, etc.

Toutefois, contactée hier par nos soins, un membre de la section syndicale UGTA de l'université Mentouri a affirmé catégoriquement que «rien ne s'est passé à Sétif et nous allons poursuivre la grève».

Lundi, à Constantine, des dérapages et accrochages verbaux ont été enregistrés à l'université Mentouri entre des étudiants et enseignants d'une part, et les travailleurs grévistes de l'autre. Ces derniers ont exprimé leur indignation envers la direction de l'université après le mandat d'amener requis contre le secrétaire général de leur section syndicale à la suite d'une plainte en référé du recteur pour entrave à l'enseignement. L'intéressé, M. Daoud Abdelhafid, a donc comparu, dans la journée même, devant le tribunal administratif de Sidi Mabrouk où il lui a été reproché d'avoir empêché par la force les étudiants et les enseignants de poursuivre les cours et procédé à la fermeture de l'administration de l'université. Selon les informations recueillies hier auprès de membres de la section syndicale, le juge lui aurait ordonné de stopper immédiatement le mouvement de grève. D'autre part, selon un communiqué rendu public hier et signé par les travailleurs grévistes, document dont nous détenons une copie, ces derniers ont indiqué que «le secrétaire général de la section syndicale n'est pas responsable des actes commis par les travailleurs». De ce fait, ils ont réitéré leur intention de poursuivre la grève. Ensuite, ils ont réclamé tout simplement le départ du recteur de l'université, M. Abdelhamid Djekoune, et la tenue d'une assemblée générale dans le campus Mentouri pour voter la continuation de la grève. Cette assemblée générale a, selon toute évidence, été difficile à tenir hier matin, et ce en l'absence d'un huissier étant donné que la recherche de cet auxiliaire de la justice a mobilisé leurs efforts durant toute la journée. De ce fait et jusque dans l'après-midi, la tenue de ce conclave était encore problématique.

Sur le terrain, la grève a eu un impact négatif sur les activités pédagogiques et sur la vie des étudiants. Durant ces trois premiers jours, l'arrêt des prestations fournies par les personnels des corps communs et du secteur pédagogique a provoqué en effet des perturbations sérieuses des cours dans tous les pôles universitaires ainsi que la paralysie totale des résidences universitaires dans la capitale de l'Est. Les étudiants résidents sont les plus touchés par cette grève qui les frappe de plein fouet, puisque l'on a signalé ces derniers jours une situation catastrophique au niveau des résidences universitaires, notamment dans le domaine de la restauration : alors que les grévistes affirment mordicus que le service minimum prévu par la loi est assuré et que des repas froids sont servis le soir aux étudiants résidents, ces derniers déclarent le contraire en se plaignant d'avoir énormément souffert de la faim surtout que la majorités d'entre eux ne possède pas les moyens de se payer des repas en dehors des structures universitaires.