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Les deux partis du pouvoir obtiennent la majorité absolue : Le FLN progresse, le RND stagne, les islamistes ratent le coup

par Salem Ferdi

220 sièges dont 68 femmes. Le FLN l'emporte dans l'élection législative de 2012 en augmentant sa part de 84 sièges par rapport à l'APN sortante. Cette progression du FLN est beaucoup ample que celle du RND (Rassemblement national démocratique) d'Ahmed Ouyahia qui ne progresse que de 7 sièges passant de 61 députés à 68. Pour les islamistes, c'est la bérézina

Le RND, création au forceps du régime, au moment où le FLN était en «dissidence» sous la houlette de feu Abdelhamid Mehri, échoue de fait dans son ambition d'être un parti du pouvoir, concurrentiel du FLN. C'est la troisième élection législative où le RND apparaît comme une simple force d'appoint à l'ancien parti unique. Le noyau électoral loyaliste et discipliné qui constitue la base du régime préfère clairement le FLN. Ce noyau électoral, remarquablement constant, si l'on prend pour référence les élections législatives de 1991 et celles qui ont suivi, fait la différence. Grâce à lui, le FLN bénéficie d'une implacable logique arithmétique qui le place automatiquement en première place dans les situations de forte abstention.

Les sièges étant attribués par les votants, c'est logiquement le parti qui dispose d'un électorat discipliné et constant qui a le plus de chance de l'emporter. A l'inverse, plus le nombre des votants est grand et plus l'impact de ce noyau électoral FLN baisse. Les partisans du boycott font objectivement les affaires du FLN.

«PETIT RESULTAT» POUR LE RND

Ce lien entre les résultats du FLN et le niveau de participation s'était vérifié en décembre 1991. La participation avait atteint 59% avec 52% de votes exprimés. Avec 23,4% de votants, le FLN avait bien rassemblé son noyau électoral traditionnel mais avec un taux de participation relativement élevé et un système électoral qui favorise le premier arrivé, il avait été ramené, dans un premier tour sans lendemain, à une portion congrue de 15 sièges. On peut constater que pour cette élection de 2012, les électeurs du FLN ne sont pas plus nombreux qu'en 91. Mais avec un taux de participation faible, le FLN se retrouve très logiquement en tête grâce à ce noyau électoral. C'était le cas en 2007 où avec 22,95% des suffrages, il s'est retrouvé premier parti à l'APN avec 136 sièges (22,95%) avec un taux de participation global de 36,51% tandis que le second parti du pouvoir, le RND, obtenait 61 sièges (10,44%). Le «petit» résultat obtenu par le RND par rapport au FLN confirme, une fois de plus, le caractère artificiel des 156 sièges obtenus en 1997, quelques mois après sa création. Les élections de 2002 l'avaient ramené à 47 sièges, celle de 2007 l'ont porté à 61 sièges. Le résultat cumulé entre les deux partis du pouvoir, le FLN et le RND, leur donne la majorité absolue au parlement. Il dispense, en théorie, d'aller vers une «Alliance» comme celle qui a été imposée au cours des dix dernières années.

LES ISLAMISTES ALGERIENS RATENT LA VAGUE VERTE MAGHREBINE

Mais plus que la stagnation relative du RND, c'est l'échec des islamistes agréés par le pouvoir, qui est le plus remarquable. Ainsi l'Alliance Verte (MSP, Ennahdha, El Islah) qui ambitionnait de compléter la «vague verte» au Maghreb, après la Tunisie et le Maroc, se retrouve reléguée à la troisième position avec seulement 48 sièges. C'est une véritable bérézina au regard des ambitions affichées par un Aboudjerra Soltani qui se piquait de devenir la première force politique du pays. Le coup est si rude que les dirigeants du MSP, à l'instar de Abderrazak Mokri, ont parlé d'une fraude organisée à un niveau «central».

«Il y a un processus de fraude au niveau de la centralisation pour changer les résultats et cela met le pays en danger», a-t-il déclaré. Il en est de même du Front de la justice et du développement d'Abdallah Djaballah qui ne dépasse pas les 7 sièges, le parti de Menasra, le Front du changement, ne dépasse pas les quatre sièges. Ce résultat très médiocre des islamistes reste à décortiquer. Mais on peut déjà constater que les partis agréés n'arrivent pas à reprendre, ne serait-ce qu'en partie, le poids de l'ex-FIS.